Quelles sont les expositions à voir ce week-end? À vos cimaises pour une tournée montréalaise de galeries et de centres d'artistes!

Après Marc Quinn et les frères Chapman, la fondation DHC/ART poursuit sa série britannique avec Yinka Shonibare MBE. L'artiste s'arrête à Montréal, avec Pièces de résistance, de la commissaire Cheryl Sim, avant d'aller à New York et en Corée du Sud. 

Yinka Shonibare MBE cultive les paradoxes. C'est dans toute son oeuvre, son nom, sa fibre même. Né à Londres de parents nigérians, il est rentré au pays avec ses parents à l'âge de 3 ans avant de revenir à Londres pour étudier en art. 

Finaliste au prix Turner en 2004, il a exposé abondamment aux États-Unis et en Europe (Documenta et Venise). En 2005, il a été décoré du titre Most Excellent Order of the British Empire et a décidé, au contraire de plusieurs autres artistes, d'ajouter le titre MBE à son nom. 

« Il y a de l'ironie dans mon travail, mais je préfère parler de paradoxes et d'ambiguïtés. Plusieurs couches, en fait. Le fait d'utiliser des événements historiques, par exemple, me permet de commenter la société d'aujourd'hui sans que ce soit trop direct, trop facilement évident », explique Yinka Shonibare MBE.

Les 22 oeuvres présentées chez DHC misent beaucoup sur cet aspect de son travail. Les références à l'amiral Nelson sont nombreuses, notamment dans son tableau photographique La Méduse qui, plus que d'annoncer Géricault, utilise des couleurs Turner pour commenter les exploits d'un des plus grands colonisateurs britanniques.

La subtilité de Shonibare va plus loin que ça. Dans pratiquement toutes les pièces présentées à Montréal, l'artiste base son travail sur une supercherie historique reliée aux textiles, celle du coton wax multicolore si cher aux Africains.

« Il n'y a rien d'africain dans ces tissus, déclare-t-il. Il s'agit de tissus occidentaux fabriqués en Europe. Les Néerlandais ont essayé de le vendre en Asie sans grand succès, alors ils se sont tournés vers l'Afrique. »

L'artiste l'utilise à toutes les sauces : voile de bateau, robes d'un autre siècle, uniformes de soldat, vêtements d'enfant, d'artiste ou de philosophe. Ils servent à habiller la mort, la violence, l'exploitation.

BOUCLE SANS FIN

« L'histoire se répète, dit-il en référence à son attrait pour les événements du passé et, notamment, à sa vidéo Un Ballo in Maschera. Même si nous avons l'impression de tourner en rond, j'aime penser que la fin pourrait être différente. Que le drame pourrait donner lieu à une sorte de rédemption. »

Son interprétation de l'oeuvre de Verdi se déroule d'ailleurs sans musique et en danse. Dans une boucle sans fin, le drame se rejoue constamment et la mort cède le pas à la vie, d'ailleurs. 

La plupart des mannequins qu'utilise l'artiste présentent une couleur de peau plutôt brune, vraiment pas noire, bizarrement bronzée. D'autres oeuvres représentent des personnages historiques, comme Kant, à la tête coupée.

Ce n'est pas faute d'idées, bien au contraire. Yinka Shonibare MBE remet en question les notions d'identité, de race et de pouvoir avec verve, usant de couleurs somptueuses, mais toujours sourire en coin.

Chez DHC/ART (451 & 465, rue Saint-Jean), jusqu'au 20 septembre.

Photo Ivanoh Demers, La Presse

Nelson’s Jacket, 2011, Coton wax hollandais imprimé, mannequin en fibre de verre, bois et vitrine, avec l’aimable concours de l’artiste et de la galerie James Cohan, New York/Shanghai

PHOTO IVANOH DEMERS, LA PRESSE

La Méduse, 2008, Épreuve à développement chromogène montée sur aluminium, avec l’aimable courtoisie de l’artiste et de la galerie James Cohan, New York/Shanghai

L'EFFERVESCENCE DU CENTRE-SUD

La popularité de la Virée des ateliers ne se dément pas année après année dans le quartier des Faubourgs, situé dans le Centre-Sud. Le 8e événement du genre a commencé hier dans trois édifices de la rue Parthenais.

La Virée des ateliers du Faubourg n'a jamais été aussi populaire. Des artistes et artisans s'installent même dans les édifices participants pour s'assurer d'être de l'événement qui a attiré 10 000 visiteurs l'an dernier. 

« Les temps sont durs pour les artistes, explique l'organisateur Louis-Georges Vanier. Certains sont forcés de partager leurs espaces avec d'autres. Il y a beaucoup de roulement dans le quartier, mais beaucoup d'artistes demandent aussi des locaux dans le but de participer à la Virée. »

Jusqu'à dimanche, 150 ateliers - peinture, sculpture, photographie, mode et design, joaillerie, verre, céramique, chapellerie - recevront les visiteurs dans les édifices suivants de la rue Parthenais : les Immeubles Grover, le Chat des artistes et la coopérative Lézarts. 

Les artistes et artisans ont créé un OBNL cette année, présidé par Louis-Georges Vanier, pour continuer de présenter cet événement populaire et organiser d'autres activités entre deux Virées.

« Cette année, dit-il, nous avons reçu le soutien financier du propriétaire de l'édifice Grover et de plusieurs partenaires, dont le Bistro sur la rivière, qui sera ouvert toute la fin de semaine. C'est vraiment une fête de quartier que l'on développe avec la Virée. »

Les édifices de la rue Parthenais sont ouverts jusqu'à dimanche à 17 h.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRéCHETTE, LA PRESSE

Catherine Labonté travaille le verre. Elle crée de nombreux personnages inspirés des bandes dessinées.

AUTRES EXPOS

ROBERT CORNELISSEN

Pas d'animation ou de personnages en 3D dans cette installation vidéo de l'artiste néerlandais Robert Cornelissen. Des dessins agités plutôt, en noir et blanc et gris, qui défilent sur les trois écrans dans une suite presque psychédélique. Au même endroit, des oeuvres de l'émule de Claude Tousignant, Michel Piquette, et le minimalisme abstrait inspiré d'Henri Venne.

Du 2 mai au 20 juin à la galerie Art mûr (5826, rue Saint-Hubert).

ANNE-MARIE CHAGNON

La joaillière Anne-Marie Chagnon célèbre 20 ans de création avec une double exposition : une rétrospective de ses bijoux sculpturaux et une toute première présentation de ses toiles d'art décoratif, au sens noble du terme. La créatrice s'est taillé au cours des ans une place à l'international en étant associée, entre autres, au Cirque du Soleil. 

Les expositions Rétrospective et Amorce ont lieu jusqu'au 14 juin à la maison de la culture Notre-Dame-de-Grâce (3755, rue Botrel).

FOIRE PAPIER15

La foire Papier15 estime avoir réussi sa mission de tenir l'événement à l'extérieur du centre-ville en raison d'une importante hausse des ventes de 21 % cette année pour s'élever à un montant record de 900 000 $. Le huitième événement du genre a attiré 17 000 visiteurs au complexe De Gaspé, soit une légère baisse par rapport aux 18 000 participants de 2014. Rassemblant une quarantaine de galeries venues de partout au Canada, la foire a pu compter sur des acquisitions importantes d'institutions comme Hydro-Québec, la Banque Nationale et le Musée des beaux-arts de Montréal.