Le deuxième Symposium ix réunira, du 20 au 24 mai, à la Société des arts technologiques (SAT), autant les spécialistes et créateurs de l'industrie du numérique et des jeux vidéo que le public féru de sensations fortes. Avec, cette année, la possibilité de se faire sa petite satosphère personnelle au moyen d'un casque de réalité virtuelle...

À la Société des arts technologiques (SAT), aujourd'hui est demain depuis 20 ans! Mais cette année, avec la popularité croissante des casques de réalité virtuelle et immersive de type Oculus Rift, la SAT croise plus que jamais art et nouvelles technologies.

Du coup, tous les maniaques du numérique et de l'immersion s'y retrouveront pendant cinq jours à l'occasion du Symposium ix. Créateurs, chercheurs, producteurs de contenu, diffuseurs, formateurs, étudiants, amateurs d'art numérique, de création d'avant-garde et d'expériences immersives seront au rendez-vous de ce réseautage international à la satosphère.

La récente ouverture à Montréal d'un secrétariat de l'organisation environnementale Future Earth vient apporter une couleur particulière à l'événement. En effet, Future Earth - qui coordonne les actions scientifiques de dizaines de milliers de chercheurs en environnement - a décidé de s'ouvrir aux artistes et aux designers, pour que le message passe...

«C'est une première importante, car les scientifiques ont besoin de donner un sens à leurs données pour les vulgariser. On travaille tous pour un nouveau monde, pour un réenchantement de la société...», affirme Monique Savoie, présidente fondatrice de la SAT.

Le Symposium ix abordera ainsi l'avenir de l'immersion, son expansion (avec la popularité des casques de réalité virtuelle), son hybridation avec d'autres disciplines et son application dans divers secteurs.

Le programme

«Le sphérique, les dômes nous passionnent depuis longtemps et, avant nous, les planétariums, la Biosphère et les panoramas du XIXe siècle, dit Luc Courchesne, artiste, professeur et chercheur à la SAT. Pourquoi cela interpelle-t-il tant les gens? Peut-être parce que ça resitue l'individu à l'intérieur d'un écosystème au lieu d'être à l'extérieur, comme au cinéma.»

Cette année, cette impression d'immersion sera accentuée par les casques de réalité virtuelle qui seront mis à la disposition des participants du symposium. La Presse en a fait l'expérience. Assez impressionnant de naviguer comme en apesanteur dans un espace, en choisissant d'un seul mouvement de la tête d'aller à gauche ou à droite, pour visionner des effets graphiques, numériques ou lumineux.

«Tout ce qu'on a appris avec le dôme, on peut le transposer dans ce nouveau médium qui va devenir populaire: on dit qu'il y en aura plein sous les sapins à Noël et que le cinéma s'en empare, notamment [le réalisateur] Ridley Scott, dit Luc Courchesne. Montréal et San Francisco sont les centres les plus actifs dans le domaine de l'immersion. Il ne faut pas perdre cet avantage.»

«Cette année, c'est en effet la rencontre entre l'immersion et les jeux vidéo, alors on verra ce que ça donnera. Mais on souhaite être contaminés par l'industrie des jeux vidéo et vice-versa!»

La dernière journée du Symposium ix sera consacrée au thème Art et Science avec une table ronde sur des penseurs qui avaient réfléchi à l'évolution de la société, des arts et des technologies au XXIe siècle, soit Marshall McLuhan, Pierre Dansereau et Buckminster Fuller. Y participeront les « fils spirituels » de ces penseurs, soit l'artiste et chercheur David McConville, le sociologue Derrick de Kerckhove et le chercheur en environnement Normand Brunet. 

Consultez le site de l'événement: http://ix.sat.qc.ca/

Les conférenciers

SCOTT FISHER (ÉTATS-UNIS)

Pionnier dans le domaine de la réalité virtuelle, concepteur d'applications de lunettes immersives à la NASA dès 1985, il a fondé le laboratoire californien où le concept de l'Oculus Rift est né.

VLADIMIR VUKICEVIC (CANADA)

Sorte de gourou du web, idéateur et ingénieur en chef de la réputée plateforme de WebVR Mozilla (browser Firefox), dont une nouvelle génération nous permettra bientôt d'entrer par internet directement dans un espace immersif.

GREG DOWNING (ÉTATS-UNIS)

Artiste cofondateur de xRez Studio, inventeur des technologies d'imagerie sphérique et de photogrammétrie, habitué d'Hollywood et des maisons de production en immersion (Narnia, Spiderman 3 et I Am Legend).

STEVE MASON (ÉTATS-UNIS)

Artiste, ingénieur et entrepreneur, ex-directeur principal chez Samsung et VP innovation chez Obscura Digital, une sorte de SAT commerciale. Il est actuellement designer d'expériences immersives à Quotia, un laboratoire historique interactif.

DERRICK DE KERCKHOVE (BELGIQUE-CANADA)

Sociologue, disciple mondialement connu de McLuhan (il est directeur du programme McLuhan «Culture and Technology» à l'Université de Toronto) et passionné par le village global. Il participera à une table ronde sur le thème Art et Science, la pensée sphérique et comment elle transforme l'être humain et sa relation à l'environnement.

VANDER CABALLERO (CANADA)

Fondateur de Minority Media, studio de développement de jeux vidéo comme Papo & Yo et Time Machine, la première expérience de voyage dans le temps dans un environnement virtuel avec un casque de réalité virtuelle.

Quelques oeuvres présentées

PLÉROMA DE DUSTIN LUCAS, Montréal, 20 minutes

Un film qui utilise la logique fractale de l'infiniment morcelé. Deux personnages sont nez et nez, mais, de leurs nez, sortent d'autres personnages nez à nez, etc. Avec un dessin et une musique de style classique et doux.

ILLUSIONS + CRYOGENIAN DE JULIUS HORSTHUIS, Amsterdam, 15 minutes

Film de navigation dans des espaces, généré par ordinateur, avec des illusions par géométrie fractale. La musique électronique est plus spectrale. Ambiance de film de science-fiction et d'exploration spatiale.

HOMEOMORPHISM PAR LE COLLECTIF OUCHHH STUDIO, Istanbul, 15 minutes 

Film créé au Colorado par Ferdi Alıcı, Can Buyukberber, Eylul Duranagac et Selay Karasu avec une approche minimale et linéaire dans la structure et dans le rythme. OEuvre avec effets dynamiques. Immersion totale, impressionnante quand on fixe le centre de la voûte du dôme.

VESSEL D'AARON BRADBURY, Leicester, 5 minutes  

Film qu'on a vu avec un casque de réalité virtuelle et qui sera projeté également dans la satosphère. Bradbury s'est intéressé au phénomène des réactions chimiques qui se produisent dans le cerveau quand on tombe amoureux. La représentation qu'il en fait est parsemée de réflexions neurochirurgicales.

NUÉE/SWARM DE YAN BREULEUX, Montréal, 10 minutes

Ce film explore la notion d'émergence qui s'applique également à la perception du spectateur. Concrètement, la pièce se présente sous la forme d'un environnement constitué de nuées de formes complexes, organiques et en constante mutation.