Le Musée des beaux-arts de Montréal présente, jusqu'au 29 mars, l'exposition La mort patriote. Affiches de propagande de la Première Guerre mondiale à l'occasion du 100e anniversaire du début de la guerre 1914-1918.

Difficile d'oublier une guerre qui a fait 15 millions de morts et à laquelle 65 millions de soldats ont pris part. La Première Guerre mondiale - qu'on a appelée «la der des der», car on espérait que ce serait la dernière - a bouleversé la géographie politique européenne avec la reconstruction de frontières et la naissance de nouveaux pays.

On sait moins qu'elle fut l'occasion d'une propagande tous azimuts autant en Allemagne que dans les pays qui l'ont combattue, soit la France, le Royaume-Uni, le Canada et les États-Unis. Cette propagande pour convaincre le citoyen de s'enrôler dans l'armée ou de soutenir «l'effort de guerre» s'est faite au moyen d'affiches puisqu'à l'époque, il n'y avait ni radio ni télévision.

L'exposition, qui comprend 22 affiches, débute par celle de Frank Lucien Nicolet, réalisée en 1918. Il s'agit d'une affiche pour vanter un «emprunt de la victoire». On y voit un soldat canadien décoré se recueillir devant une tombe, au milieu d'un champ de coquelicots, avec le slogan «Pour que la terre leur soit légère».



L'affiche permit au Canada de recueillir 400 millions à la fin du conflit au lieu des 150 millions escomptés. Elle valut à son auteur, un artiste britannique né de père français et qui immigra en Amérique, une récompense du gouvernement canadien.

Sur une autre affiche est écrit «Canadiens Français, enrôlez-vous!», tout en vantant le «150e Carabiniers Mont-Royal», «un régiment d'élite composé d'hommes de choix et commandé par des officiers d'expérience revenus du front de la guerre». Sur l'affiche suivante, il est indiqué «N'attendez pas pour défendre notre pays qu'il soit envahi, dévasté» et «Le coeur de la France saigne, la voix du sang parle».

Une autre affiche demande aux citoyens juifs de Montréal de faire leur part: «Britain expects every son of Israel to do his duty» («La Grande-Bretagne s'attend à ce que chaque fils d'Israël fasse son devoir»).



Photo: Denis Farley, fournie par le MbaM

Anonyme, Why Dont They Come?, entre 1914 et 1918.

Une affiche signée de l'illustrateur américain Henry Raleigh recommande d'acheter des bons du Trésor des États-Unis. Il y a également plusieurs affiches allemandes, notamment une de l'illustrateur Walter Georgi montrant un homme portant une épée, près d'une femme et de son enfant, pour inciter à acheter des obligations de guerre. Une autre, enfin, demande aux jeunes Allemands de s'engager dans la Deutsches Heer (l'armée de terre allemande à l'époque) pour faire face au «bolchévisme, au péril polonais et à la famine».

Cette exposition est organisée à la mémoire de Liliane Stewart, mécène, amie et bienfaitrice du MBAM, qui est décédée plus tôt cette année et qui était (c'est peu connu) colonel honoraire des Queen's York Rangers, de la Compagnie franche de la marine et des Old 78th Fraser Highlanders.

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Au Musée des beaux-arts de Montréal jusqu'au 29 mars.

Photo: Denis Farley, fournie par le MbaM

Anonyme, The Jews the World Over Love Liberty, Have Fought for It and Will Fight for It, entre 1914 et 1918.