Jonathan Meese, artiste allemand coutumier des performances provocatrices, s'est insurgé dans la presse de son éviction du célèbre Festival d'opéra de Bayreuth auquel il devait participer en 2016.

Le Berlinois, âgé de 44 ans, devait diriger une nouvelle production de Parsifal, le dernier opéra de Richard Wagner, devant le public exigeant de la Festspielhaus, salle conçue par le compositeur lui-même pour qu'y soit présentée son oeuvre.

Mais les organisateurs du festival ont annoncé vendredi que Jonathan Meese ne se produirait pas comme prévu en 2016, son projet s'avérant trop coûteux.

Un argument rejeté par l'intéressé dans une tribune publiée dans l'hebdomadaire allemand Der Spiegel daté de lundi, et diffusée dès dimanche.

«Il n'y avait aucun motif», estime M. Meese. «Cela fait longtemps que (le festival de) Bayreuth ne s'intéresse plus à l'art mais à sa propre préservation, au pouvoir et au combat contre sa perte d'importance», affirme l'artiste, qui parle de lui à la troisième personne.

Il évoque aussi le cynisme et l'autoritarisme dont ferait preuve la direction du festival. «Il n'a jamais été question d'art, il n'y a jamais eu d'échange de fond, de dialogue, de coopération», dénonce-t-il.

«Meese n'a pas échoué face à Wagner, c'est Bayreuth qui a échoué face à Meese», lance en guise de conclusion cet enfant terrible de l'art allemand.

Le choix de Jonathan Meese, qui n'a jamais dirigé d'opéra, avait suscité une polémique, l'artiste étant connu pour son utilisation des croix gammées ou des saluts hitlériens dans ses performances.

À moins de deux ans de l'édition 2016 du festival, qui est entièrement consacré à l'oeuvre de Wagner pendant un mois, le choix de son remplaçant s'annonce un casse-tête pour l'organisation. L'orchestre doit être dirigé par le jeune chef letton Andris Nelsons.

Alors qu'aucune nouvelle production n'a été présentée cet été à Bayreuth, les spectateurs attendent l'an prochain une relecture de Tristan et Isolde par Katharina Wagner, arrière-petite-fille du compositeur, qui dirige le festival aux côtés d'Eva Wagner-Pasquier, elle aussi descendante de Wagner.

Les billets pour Bayreuth sont traditionnellement les plus convoités dans le monde de l'opéra et de la musique classique, avec des listes d'attente s'élevant à dix ans et plus.