Exploration émouvante des ultimes années du peintre, l'exposition Rembrandt: les dernières oeuvres s'est ouverte mercredi à la National Gallery de Londres, révélant toute la force créatrice du maître néerlandais.

Environ 40 tableaux, 20 dessins et 30 gravures, venus du monde entier, sont réunis pour illustrer les thèmes qui hantaient au crépuscule de sa vie le plus grand peintre de l'âge d'or hollandais: introspection, expérimentation, lumière.

Des années 1650 à sa mort en 1669 à l'âge de 63 ans, Rembrandt s'est lancé à la quête d'un style nouveau, plus expressif, plus intense, plus libre.

«Il semble revigoré, régénéré», indique Betsy Wieseman, la commissaire de l'exposition qui, après Londres, sera visible au Rijksmuseum d'Amsterdam à partir de février 2015.

Rembrandt a pourtant expérimenté le tragique à la fin de sa vie. Ruiné à l'âge de 50 ans, il a vu partir sa deuxième femme, Hendrickje Stoffels, emportée par la peste en 1663, et son fils Titus en 1668, décédé à l'âge de 27 ans seulement.

Son oeuvre s'en ressent: mélancolique et émouvante. L'un des temps forts de l'exposition, la juxtaposition de plusieurs autoportraits, témoigne d'une grande franchise face au temps qui passe et au corps qui vieillit, le sien.

On devine la souffrance, les épreuves. Mais on est frappé aussi par l'inspiration de l'artiste, sa force d'innovation et son audace qui lui permettent de sonder les émotions les plus profondes.

Un de ces derniers tableaux, La fiancée juive, qui met en scène un couple uni dans la tendresse, en offre une illustration bouleversante.

Lorsqu'il l'a vu pour la première fois, en 1885, Vincent Van Gogh a dit à un ami: «Je serais heureux de donner dix ans de ma vie pour rester assis devant cette oeuvre pendant quinze jours avec seulement une croûte de pain rassis comme repas».