La Grande vague et les Vues du Mont Fuji: ces icônes ont rendu Hokusai immensément célèbre en Occident. Le Grand Palais à Paris consacre au peintre et graveur japonais (1760-1849) la plus grande exposition jamais organisée en dehors de son pays.

En raison de la fragilité du support de certaines oeuvres d'Hokusai (papier ou soie), l'exposition sera divisée en deux volets (1er octobre au 20 novembre et 1er décembre au 18 janvier).

Chaque volet présentera 320 oeuvres, dont 145 permanentes. Les peintures sur soie et les estampes seront remplacées par des pièces équivalentes, y compris pour les oeuvres emblématiques telle la «Grande vague», dont plusieurs tirages seront présentés.

De multiples identités

De Katsukawa Shunro à Gakyo Rojin Manji («le vieil homme fou de peinture»), Hokusai a changé de nombreuses fois d'identité au cours de sa longue carrière (il meurt à 89 ans). On a recensé au total quelque 17 signatures principales correspondant parfois au passage d'une école picturale à une autre ou à un nouveau statut. Parmi ses principales identités artistiques Sori, Taito ou Itsu, nom sous lequel il a réalisé ses oeuvres les plus célèbres comme les Trente-six vues du Mont Fuji.

Une production considérable

Estampes, livres imprimés, manuels scolaires, peintures, calendriers, gravures, manuels de peinture, éventails... Hokusai fut un artiste prolifique. Il a laissé plus de 30 000 oeuvres, dont beaucoup sont considérées comme des trésors nationaux au Japon, des milliers de croquis. Son recueil de dessins Hokusai Manga, admiré en Occident, ne compte pas moins de quinze volumes.

Bestiaire

Carpe, cormoran, souris, singe, renard... L'oeuvre d'Hokusai fourmille d'animaux croqués parfois avec réalisme, souvent pour leur symbolique. La carpe représente la persévérance, et la tortue l'attachement au sol par opposition à la grue, incarnation du détachement. L'artiste s'est également intéressé à des animaux aussi discrets que la crevette ou l'holothurie (concombre de mer)...

Le monde d'Edo

Hokusai a beaucoup sillonné les chemins du Japon et déménagé 93 fois, mais il est toujours revenu près de la ville d'Edo et de la rivière Sumida. Devenue la capitale du pays en 1603, rebaptisée Tokyo en 1868, Edo est fin 18e une métropole de 1,3 million d'habitants qui marque de son empreinte les autres régions du Japon. Cette grande cité commerciale a fasciné Hokusai qui a su restituer tous les aspects de sa vie quotidienne trépidante.

Encyclopédie

Paysans dans les rizières, courtisanes d'Edo, figures des contes et légendes, plantes et paysages: rien ne semble devoir lui échapper du monde japonais. À propos de son recueil de dessins (Hokusai Manga), publié de 1814 à 1878, on a pu parler d'encyclopédie du Japon. Tout l'intéresse, que ce soit la configuration des branches d'arbres ou les figures d'arts martiaux - jusqu'au plus trivial, comme un répertoire de grimaces.

Le grand bleu

Sous la vague au large de Kanagawa, une des estampes de la série des Trente-six vues du Mont Fuji, est l'oeuvre la plus connue, et la plus copiée, d'Hokusai. Le thème de la vague revient régulièrement dans son oeuvre, mais sous des traitements très différents. Sous la vague... est aussi le symbole de la «révolution bleue». À partir de 1829, Hokusai va utiliser fréquemment le bleu de Prusse, un pigment résistant introduit au Japon quelques années plus tôt par les Hollandais. Les vues du Mont Fuji où il multiplie les dégradés de bleu témoignent de cet engouement, au point que certaines éditions furent publiées intégralement en bleu.

Japonisme

La découverte de l'art japonais, et notamment des «manga», a été un choc culturel dans la France artistique de 1850. Hokusai va inspirer Degas, Toulouse-Lautrec, Gustave Moreau, Claude Monet, qui possédait 23 estampes du maître, ou Camille Claudel, dont la sculpture Les baigneuses semble directement inspirée de la Vague. Hokusai exerça aussi une grande influence sur les arts décoratifs, en particulier sur le verrier Émile Gallé, pionnier de l'art nouveau.