L'Imperial War Museum de Londres rouvre samedi, après un chantier de réfection colossal, à point nommé pour célébrer le centenaire de la Première Guerre mondiale avec des effets visuels et sonores saisissants qui recréent l'enfer de la «der des der».

Après quatre années de fermeture pour travaux, d'un coût de près de 50 millions d'euros, le musée, niché dans un parc du sud de la capitale britannique, n'a pas lésiné sur les innovations techniques pour rendre un vibrant hommage aux acteurs de la Première Guerre mondiale.

Au coeur de la galerie qui lui est consacrée, des ombres défilent sur un mur de terre. Celles de soldats britanniques. Ils discutent, tandis que la pluie s'abat sur eux. Le cri des corbeaux rappelle à ces hommes que ce n'est qu'un court répit avant le prochain combat.

Immergé dans cette tranchée reconstituée et haute de plus de deux mètres, le spectateur vit pleinement le quotidien des militaires de la «Grande Guerre», dont le centenaire est célébré cette année.

«Méditer sur la nature des conflits»

«Cet espace fait appel à nos sens. D'habitude on s'imagine la guerre en noir et blanc, ici, elle est en couleur», explique à l'AFP James Taylor, l'historien en charge de la galerie de la Première Guerre mondiale.

Musique, vidéos, mais aussi effets visuels et tablettes tactiles - soit en tout soixante dispositifs numériques - sont agencés tout le long de la visite afin de mettre en lumière et de contextualiser les 1300 pièces exposées dans cette galerie.

Petits et grands objets «donnent la parole aux gens qui les ont créés, utilisés, ou qui y ont fait attention. Ils ne racontent pas seulement la destruction, la souffrance et les pertes humaines, mais ils retracent aussi la force et l'innovation, le devoir et le dévouement, la fraternité et l'amour», assure la directrice de l'établissement Diane Lees.

Au milieu de portraits en noir et blanc, une montre en or rappelle le courage du capitaine britannique de marine marchande Charles Fryatts. Elle lui a été offerte par son employeur et le ministère de la Marine, reconnaissants qu'il ait sauvé son équipage et son navire des attaques de sous-marins allemands.

Plus loin, une boîte de chocolats et de pudding de Noël. Chaque friandise y était précieusement emballée, avant d'être envoyée aux soldats britanniques.

«Ne restez pas ici», prévient une pancarte criblée de balles. Car la galerie montre aussi l'horreur des combats, leur brutalité et les conséquences physiques et psychologiques. Sous une vitre, quelques prothèses faciales. Ici un nez, là une pommette. Au total, 60 000 soldats britanniques auront souffert de blessures à la tête et aux yeux lors des combats de 14-18.

La collection du musée regorge de pas moins de 30 000 objets collectés depuis 1917, «alors que personne ne savait si on allait gagner la guerre», souligne James Taylor.

Si le visiteur n'en voit qu'une partie, ce sont plus de 60 pièces jamais montrées au public qui sont désormais exposées dans l'Atrium. Aménagé sur trois étages, ce grand hall présente avions, voitures et armes lourdes. «C'est une série de moments instantanés», explique Nigel Steel, historien en charge de l'Atrium.

«On espère que ces histoires permettront aux visiteurs de réfléchir et de méditer sur la nature de ces conflits qui ont traversé tout le XXe siècle», conclue-t-il.

«Nous vivons toujours avec les souvenirs de la Première Guerre mondiale. Et ce n'est pas possible de comprendre ce qui se passe aujourd'hui, sans savoir ce qui s'est passé avant», estime Diane Lees.

Les quatre autres étages du musée seront eux aussi ouverts au public à partir de samedi, retraçant cette fois-ci la Seconde Guerre mondiale et l'Holocauste.

Une série de photographies et trois films du Britannique Mark Neville donnent enfin un aperçu du conflit en Afghanistan, toujours dans l'optique de méditer sur les guerres qui ensanglantent le monde.