L'histoire du Québec est intimement liée à sa musique, et c'est cette relation que le Musée McCord a voulu explorer avec l'exposition Musique - Le Québec de Charlebois à Arcade Fire, présentée à compter de vendredi.

Le public est invité au musée montréalais pour y découvrir l'histoire sociale récente du Québec -des années 1960 à aujourd'hui - à partir du discours des chansons. L'exposition tient particulièrement compte des paroles des chansons, qui illustrent les événements sociaux survenus dans l'évolution du Québec.

Cette présentation réunit - outre une centaine de chansons et des vidéos - près de 200 objets, incluant photographies, affiches, documents d'archives, pochettes de disques, manuscrits, costumes de scène et accessoires, guitares, instruments et artefacts. Elle met en valeur de multiples objets appartenant à différents artistes francophones et anglophones, allant de Daniel Bélanger à Richard Desjardins, en passant par Diane Dufresne, Raôul Duguay, Félix Leclerc, Claude Léveillée, Loco Locass, Samian ou Rufus Wainwright.

Un audioguide est offert aux visiteurs, qui pourront entendre des extraits ou la totalité des chansons traitées dans l'exposition.

Les concepteurs de l'exposition ont choisi les années 1960 pour lancer la présentation, parce qu'elles ont été une époque de transformation non seulement au Québec mais aussi à l'échelle planétaire.

«Ce n'est pas juste au Québec que ça se passe, mais par contre, au Québec, c'est la fin du régime duplessiste, c'est la Révolution tranquille, c'est l'Expo 67, c'est l'ouverture vers le monde, explique la directrice des programmes du musée, Sylvie Durand. Les chanteurs ont vu ce qui se passe ailleurs, (ils) sont influencés par ce qui se passe ailleurs et commencent à développer une chanson à textes typiquement québécoise, et vont jusqu'à chanter en joual, ce qui se faisait très peu avant.»

Dès son arrivée dans cette exposition divisée en six zones, le visiteur est plongé dans l'époque yé-yé, période de mini-jupes et de tourne-disques lors de laquelle a véritablement été lancé le star system québécois, notamment grâce à l'entrée en scène de l'émission Jeunesse d'aujourd'hui, à Télé-Métropole.

«Le yé-yé, ce n'est pas de la chanson engagée, sauf que la période yé-yé dans les années 1960, c'est presque les premiers balbutiements de la chanson francophone composée ici», rappelle Mme Durand, ajoutant que c'est aussi l'époque où les jeunes ont commencé à avoir des tourne-disques, qui leur permettait pour la première fois de choisir la musique qu'ils écoutaient plutôt que d'être soumis aux choix de leurs parents.

La deuxième zone de l'exposition, décrite par Mme Durand comme étant «plus intellectuelle», traite des chansons engagées, des chansons politiques et altermondialistes, de l'engagement envers la Terre et du respect de l'environnement. On y retrouve une collection de guitares, des vidéos et des manuscrits, notamment celui de la chanson Gens du pays, daté du 15 mai 1975.

Une troisième zone proposera des costumes de scène - entre autres ceux de Diane Dufresne, de Raôul Duguay et de Pierre Lapointe - afin d'illustrer la lutte contre le conformisme et les tabous.

«Ce sont des luttes que les artistes ont souvent menées sans qu'on s'en rende compte. Cette zone se termine avec les célèbres lunettes de Dédé Fortin», a précisé Mme Durand.

Les trois autres zones sont consacrées à l'identité amérindienne, aux 10 moments qui ont marqué la chanson, et à l'écoute de chansons.

Et si la musique francophone occupe une majeure partie de l'exposition, celle composée par des artistes anglophones aura aussi sa place.

«Elle est là tout au long de l'exposition. À certains moments elle est plus importante, à d'autres elle est moins importante, mais elle est là parce qu'elle fait partie de notre patrimoine culturel. Si on pense à la chanson, on ne peut pas faire abstraction de Leonard Cohen, qui est un Montréalais et qui a été un chanteur engagé», souligne Sylvie Durand.

Musique - Le Québec de Charlebois à Arcade Fire sera présentée jusqu'au 13 octobre.