Bien que François Barbeau aime travailler dans l'ombre, il a reçu sa part de prix et de reconnaissance du milieu depuis 50 ans. Or, il n'aura jamais été autant dans la lumière qu'au vernissage fort couru de la rétrospective que lui consacre actuellement le Centre d'exposition de l'Université de Montréal. On y découvre quelques-uns de ses plus beaux costumes et, surtout, on s'initie aux diverses étapes de leur conception, du croquis à la recherche, jusqu'au résultat final sur scène.

L'exposition François Barbeau, créateur de costumes a été conçue par l'historienne de l'art Andrée Lemieux, avec le soutien de l'Association des professionnels des arts de la scène et de la Fondation Jean-Paul Mousseau. Elle a fait un travail colossal de synthèse pour mettre en perspective l'art et la philosophie du créateur qu'elle qualifie de «peintre baroque».

La conservatrice invitée propose «une approche sensorielle des costumes». On les voit de près et on peut aussi les toucher. L'exposition s'ouvre avec la reconstitution d'un atelier qui s'apparente à un laboratoire de recherche pour tester les couleurs, la patine, etc. La seconde partie est réservée à la scène, avec des costumes portés par France Castel, Louise Turcot, Hélène Loiselle et la regrettée Catherine Bégin (dont la fameuse robe qu'elle a portée dans Christine, la reine-garçon au TNM).

Une autre section met en valeur le travail de Barbeau dans deux spectacles du Cirque du Soleil, Dralion et Wintuk, ainsi que dans le projet de spectacle à Dubaï qui a été annulé. L'exposition se termine avec ses rencontres marquantes et un survol de sa carrière.

L'extérieur et l'intérieur du personnage

Le maître prend part à tous les aspects de la réalisation des costumes, de la recherche à la coupe en passant par le dessin.

Si Barbeau se préoccupe du confort de l'acteur sur scène, il n'aime pas les caprices de certains interprètes. Mais il peut parfois leur donner une indication ou un conseil pour les aider à trouver la vérité du personnage. «François travaille autant sur l'extérieur que sur l'intérieur du personnage», nous a confié Guylaine Tremblay, au vernissage. La comédienne connaît le concepteur depuis ses débuts dans le métier. Chaque fois, quand elle découvre le costume qu'elle portera, Guylaine Tremblay peut compter sur Barbeau pour l'aider «à mieux comprendre le personnage, sa vie sur scène, sa vie avant. C'est un maître, un trésor vivant!», s'exclame-t-elle.

Après 660 productions en théâtre, en danse, au cirque, à l'opéra et au cinéma, Barbeau, à presque 80 ans, ne pense pas du tout à la retraite. Il pousse toujours plus loin ses idées, son talent, sa vision. Comme tous les grands, il est heureux dans le travail. Déjà, après son vernissage, le concepteur avait hâte de retourner dans son atelier, afin de poursuivre les costumes de Cyrano de Bergerac, qui prendra l'affiche le 16 juillet prochain au TNM.

Vingt fois sur le métier...

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Au Centre d'exposition de l'Université de Montréal, jusqu'au 7 décembre.