«Je me demande toujours comment l'art peut être un vecteur de concertation et comment un artiste peut être bénéfique à une entreprise.»

Philippe Demers a grandi au Saguenay. Il ne vient pas d'une famille d'artistes: son père est contrôleur aérien et sa mère fait de la comptabilité. «Je suis l'extraterrestre de la famille!», dit-il en riant.

Extraterrestre peut-être, mais avec les pieds sur terre. Cofondateur de MASSIVart, organisme à but non lucratif qui organise le festival Chromatic, Philippe Demers est le reflet ardent de la jeunesse créative de Montréal, celle qui s'exprime souvent bien au-delà de nos frontières.

«Je fais actuellement des démarches auprès de Montréal International, du Forum économique mondial, d'Investissement Québec, de la division économique de la Ville de Montréal et du ministère des Finances pour voir comment un show comme Chromatic pourrait accompagner des missions économiques afin de faire vivre la créativité montréalaise à l'étranger. Les entreprises savent que pour se démarquer, elles doivent passer par l'innovation et la créativité.»

Culture et esprit festif

Ambitieux pour sa ville d'adoption, Philippe Demers récolte cette année les fruits de cinq ans de labeur. Après s'être enrichi... d'expériences provinciales, il voit les portes des États-Unis, de l'Europe et bientôt de l'Asie s'ouvrir aux projets artistiques de MASSIVart.

Mais d'où sort cet apprenti sorcier culturel de 27 ans? Philippe Demers a un bac de l'UQAM en stratégie de production culturelle et médiatique et prépare à temps partiel une maîtrise en management des entreprises culturelles à HEC Montréal.

C'est durant son bac en 2009 qu'il fonde MASSIVart avec son colocataire, Sun Min Dufresne, qui étudie alors en commerce international. Le projet est le sujet de leurs travaux universitaires. Ils ont alors 22 ans et veulent «transmettre l'art au maximum de gens». L'appellation MASSIVart est née.

L'organisme est devenu un promoteur d'artistes, un producteur de projets artistiques voué à rendre l'art plus présent dans la sphère publique et un médiateur entre artistes et gens d'affaires. En 2010, MASSIVart a créé Chromatic, vitrine récurrente de la création artistique montréalaise. Puis, il a mis sur pied Montréal créative, événement qui met de l'avant des artistes établis et dont c'était la deuxième édition l'hiver dernier à l'ARTV Studio.

Durant le reste de l'année, MASSIVart intègre des artistes dans des événements d'affaires. «On est des amplificateurs d'événements artistiques pour favoriser les créateurs en art contemporain, en «street art», en art numérique ou en musique», dit Philippe Demers.

Faire connaître Montréal

MASSIVart s'est lié à d'autres organismes, tels En Masse, Piknic Électronik et les Rencontres internationales du documentaire, pour promouvoir Montréal comme destination créative, avec dans le viseur le 375e anniversaire de fondation de la ville, en 2017.

Philippe Demers veut faire connaître les artistes montréalais à l'étranger. En décembre dernier, il était à Wynwood, en Floride, durant la foire Miami Art Basel. Avec d'autres créateurs montréalais, il est allé «faire vivre l'expérience montréalaise» en présentant une exposition de photos de Stéphane Missier et Kristian Manchester. MASSIVart y retournera à la fin de l'année avec d'autres artistes. Il sera aussi au festival North by Northeast, en juin à Toronto, et a un projet en Chine...

Mais son projet principal de l'année, c'est la Cité de la mode et du design, à Paris, où Chromatic festoiera en octobre, durant la Nuit blanche locale.

«On devrait y présenter une vingtaine d'artistes, notamment les balançoires de Mouna Andraos et Mélissa Mongiat, les travaux de David Spriggs, Philippe Blanchard, Laurent Craste, En Masse, Baillat Cardell ou Vincent de Garbage Beauty, qui se réapproprie les objets qu'on jette pour en faire des objets d'art avec de la calligraphie», dit-il.

Quand la mère de Philippe Demers a appris qu'il avait fondé un organisme à but non lucratif, elle lui a dit qu'il ne ferait jamais d'argent «puisque c'est écrit dans le titre» ! «Mais mes parents, qui ne connaissent rien à l'art, sont aujourd'hui un peu rassurés, dit-il. Ils viennent voir nos événements et aiment beaucoup l'expérience. Ça montre que l'art est accessible à tous. Et partout.»

MASSIVart en bref

2008: Finaliste du concours «Mon entreprise» de l'ESG UQAM

2009: Création officielle de MASSIVart par Philippe Demers et Sun Min Dufresne. L'organisme a cinq membres et vingt bénévoles.

2010: Première édition du festival Chromatic à la Société des arts technologiques

2011: Prix du public Banque Scotia-Art souterrain (5000$)

2013: Lauréat de la bourse Jeunes mécènes pour les arts (5000$)

Janvier 2014: Deuxième édition de Montréal créative à l'ARTV Studio

Mai 2014: Cinquième édition de Chromatic au chalet du mont Royal. L'organisme a sept employés rémunérés, des stagiaires et des bénévoles (50 pour Chromatic).

Les différentes couleurs de Chromatic

EXPOSChromatic présente en expo-vente des oeuvres de Laurent Craste, Michel Huneault, Simon Beaudry, Antonietta Grassi, Chloé Baril-Chassé, Marie-Claude Lacroix, Jihane Mossalim, Hejer Chelbi, Pascal Normand, Kate Puxley, Sébastien Lafleur, Sébastien Cossette, JJ Levine, Mathieu Hénault, Paradox of Power et David Spriggs. Par ailleurs, l'International Weird Collage Show, exposition sur l'art du collage, sera à l'Espace MASSIVart jusqu'au 30 mai, avec des créations de Dennis Busch, Paul Butler, James Gallagher, Ashkan Honarvar, JP King et Charles Wilkin. À noter enfin: Parcours Chromatic (réservé aux participants de la conférence C2MTL), à l'Arsenal, avec les oeuvres d'une dizaine d'artistes.

MUSIQUE

La musique tient une grande place sur la scène artistique montréalaise. Aussi, Chromatic fait la part belle aux musiciens de la relève. Le Piknic Chromatic de demain (de midi à 18h au chalet) présentera gratuitement les artistes Shaydakiss, A-Rock et Hatchmatik. Ils seront suivis par Foxtrott, River Lance, Tommy Kruise et Heart Streets durant la Nuit Chromatic (15$ en prévente) qui se déroulera de 20h à 1h au chalet. Parmi les autres artistes présents durant Chromatic, citons Romain Zavada, Toboggan et Pomo, durant le Cocktail Chromatic de lundi.

PARTYS

Des DJ sont présents à la moitié des activités. À ne pas rater: trois gros partysà l'Espace MASSIVart: l'After Chromatic (10$ en prévente), dans la nuit de samedi à dimanche, avec les DJ GrandBuda, Pomo, Ryan Playground et Claire. Le Block Party (gratuit), jeudi de 14h à 19h avec BBQ, DJ, arcades, artistes muralistes en direct. Et la soirée de clôture (10$ en prévente), vendredi prochain, dès 18h, avec les expos de Paul A. Laroque et Gabrielle Laïla Tittley, et la musique de Will Mari, Baya et Beat Market.

CINÉMA

Dimanche, CinéParc Chromatic présentera gratuitement, de 21h à 22h30 trois films sur le thème de l'habitat: Griffintown (1972), court métrage de Michel Régnier sur le Griffintown des années 70, Le beau dérangement (1967), portrait documentaire de Suzanne Angel, et La P'tite Bourgogne (1968), documentaire social de Maurice Bulbulian. Par ailleurs, des vidéos seront diffusées en boucle de 20h à minuit, demain, au chalet, lors de Nuit Chromatic, notamment le film Somewhere, de Nicolas Ménard.