Le ministère français de la Culture s'est déclaré vendredi «très étonné de la tournure» que prenait la prochaine réouverture du musée Picasso à Paris, fermé depuis cinq ans pour travaux, après des déclarations fracassantes du fils de Pablo Picasso.

«J'ai l'impression que la France se fout de mon père et aussi de ma tête!», a déclaré Claude Picasso dans un entretien au quotidien Le Figaro daté de vendredi.

Claude Picasso, qui représente la famille au conseil d'administration de ce musée, exige de la ministre de la Culture Aurélie Filippetti qu'elle s'engage «à tout faire» pour ouvrir le musée en juin, avec l'actuelle présidente Anne Baldassari «à sa tête».

Le ministère de la Culture avait révélé mi-avril à l'AFP que l'ouverture du musée, établissement public, pourrait être repoussée à la mi-septembre. Anne Baldassari, dont les méthodes de management sont par ailleurs contestées, penche désormais pour une ouverture fin juillet, selon une source proche du dossier.

La livraison de l'hôtel Salé, qui abrite le musée dans le quartier du Marais, dans le centre de Paris, «est intervenue avec un mois de retard. Il y a encore des travaux qui ne sont pas achevés sur d'autres bâtiments», a déclaré vendredi à l'AFP Vincent Berjot, directeur général du patrimoine au ministère.

«Nous ne sommes pas à quelques semaines près, après cinq ans de fermeture», a-t-il estimé, jugeant les propos de Claude Picasso «très excessifs».

Mme Filippetti est «en contact régulier avec Claude Picasso et également avec d'autres membres de la famille», déclare M. Berjot.

«Nous partageons le même objectif de valoriser le génie de Picasso et de son oeuvre», dit-il. «Le ministère a investi 19 millions d'euros dans la rénovation du musée et il procède actuellement au recrutement de 40 personnes», poursuit M. Berjot.

«Cet effort, dans un contexte budgétaire difficile, montre à quel point le ministère est attaché à ce musée et à la valorisation de l'oeuvre de Picasso», dit-il.

«Quand on investit autant, quand on recrute, quand on double les surfaces, je ne pense pas que l'on se moque de l'oeuvre de Picasso. On lui donne un magnifique écrin», estime-t-il.

«Il est de la responsabilité du ministère que toutes les conditions soient réunies pour une bonne ouverture du musée: la sécurité des collections, les conditions d'accueil du public et le bon fonctionnement des équipes». Il faut également «trouver le meilleur moment pour cet événement exceptionnel et fin juillet ne l'est pas».

Riche de 5000 oeuvres de Pablo Picasso (300 peintures, 300 sculptures), la collection s'est constituée à partir de la donation de la collection particulière de l'artiste en 1973. Elle s'est étoffée grâce à la dation de ses héritiers, en 1979, puis celle des héritiers de Jacqueline Picasso, en 1990.

La superficie d'exposition va passer à 3800 m2, contre 1600 m2 à l'ouverture en 1985. Le coût du chantier s'élève à 52 millions d'euros, dont 19 apportés par l'État français.