Deux frères espagnols, soupçonnés d'être derrière l'une des plus grosses affaires au monde de ventes de faux tableaux, attribués notamment aux célèbres peintres Mark Rothko ou Jackson Pollock, et arrêtés en Espagne ont refusé d'être extradés vers les États-Unis.

L'un des cerveaux présumés du trafic de faux tableaux, selon les enquêteurs américains, José Carlos Bergantiños Diaz, a été libéré par l'Audience nationale de Madrid après avoir refusé d'être extradé, a indiqué mardi à l'AFP une source judiciaire.

Avec la complicité de sa compagne Glafira Rosales, une marchande d'art, José Carlos Bergantiños avait vendu entre 1994 et 2009 à deux galeries new-yorkaises une soixantaine de toiles présentées comme des oeuvres des peintres très cotés Mark Rothko, Jackson Pollock ou Willem de Kooning pour un total de 33 millions $, selon l'acte d'accusation émis à Manhattan.

Les toiles étaient en fait peintes par un faussaire chinois, Pei Shen Qian, 75 ans, que José Carlos Bergantiños avait rencontré à la fin des années 1980, peignant dans une rue de Manhattan.

Sous le coup d'un mandat d'arrêt lancé par la justice américaine, José Carlos Bergantiños avait été arrêté vendredi dans un hôtel de Séville, dans le sud de l'Espagne.

Le suspect, âgé de 55 ans selon la police espagnole et de 58 selon les autorités américaines, a été entendu lundi dans cette ville par le juge Fernando Andreu de l'Audience nationale.

Son frère, Jesus Angel Bergantiños Diaz, âgé de 65 ans, qui avait été arrêté le 14 avril à Lugo, dans le nord-ouest de l'Espagne, a été présenté au même juge à Madrid.

Après avoir refusé d'être extradés, tous deux ont dû livrer leurs passeports au juge dans l'attente de sa décision, selon la source judiciaire.

Tout ordre d'extradition émis par la justice doit en Espagne être ensuite ratifié par la Conseil des ministres

José Carlos Bergantiños faisait les marchés aux puces pour trouver de vieilles toiles, datant de l'époque supposée des faux, ou tachait des toiles neuves avec des sachets de thé pour en vieillir l'aspect, avant de les donner à Pei Shen Qian qui n'était au départ payé que quelques centaines de dollars par oeuvre.

Glafira Rosales avait plaidé coupable le 16 septembre et attend le prononcé de sa peine.