Le peintre d'origine chinoise Chu Teh-Chun est décédé mardi à Paris à l'âge de 93 ans, a annoncé mercredi l'Académie des beaux arts, dont il était le doyen. Il était membre de la section Peinture de l'Académie des beaux-arts depuis 1997.

Après Georges Mathieu et Zao Wou-Ki, ses deux confrères disparus récemment, Chu Teh-Chun «était le dernier représentant à l'Académie de l'abstraction lyrique qui renouvela l'histoire de la peinture occidentale», souligne l'Académie dans un communiqué.

«Son oeuvre incarne par ailleurs, comme celle de son confrère Zao Wou-Ki, ce que la rencontre des deux cultures française et chinoise peut produire de plus élevé en matière artistique lorsque la richesse d'un héritage millénaire rencontre l'affirmation souveraine de la liberté créatrice», a estimé l'Académie.

La cote de l'artiste avait flambé ces dernières années.

Né le 24 octobre 1920 en Chine dans une famille de notables lettrés, Chu Teh-Chun pratique la calligraphie depuis son plus jeune âge.

Il entre en 1935 à l'École des beaux-arts de Hangzhou où son professeur lui fait découvrir la peinture occidentale et notamment Cézanne.

À partir de 1937, la guerre sino-japonaise provoque l'exode des universités vers l'ouest de la Chine jusqu'au Sichuan: cette période de trouble se traduit pour Chuh Teh-Chun par une itinérance de dix ans au cours de laquelle il parcourt en compagnie de ses professeurs et condisciples près de 4000 kilomètres à pied. Il découvre les paysages majestueux de son pays qu'il peint et dessine au fil des étapes.

Après avoir été professeur à Nankin, il s'installe à Taipei, où il est professeur d'université et enseigne la peinture occidentale jusqu'en 1955.

Après une première exposition, il s'embarque pour la France, en pleine effervescence artistique. La rétrospective de Nicolas de Staël en 1956 à Paris est une révélation. «Auparavant, j'étais un peintre objectif, mais à présent je ne m'intéresse plus à cette façon de peindre, parce qu'après avoir commencé à étudier la peinture abstraite, j'ai ressenti profondément et avec évidence la liberté d'expression dont elle témoigne», a-t-il expliqué.

Il rencontre ses premiers succès à Paris, et dès 1964, sa réputation se propage à l'étranger.

En 1976, il renoue avec la calligraphie. Ses regards se tournent vers son pays natal: en 1983 il se rend à Pékin à l'invitation de l'Union des Artistes de Chine, où il reçoit un très bon accueil.

En 2009, il est victime d'un accident vasculaire cérébral et placé sous tutelle.