Événement exclusif en Amérique du Nord, l'exposition Peter Doig. Nulle terre étrangère, présentée du 25 janvier au 4 mai au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), permettra de découvrir un peintre contemporain hors du commun. Écossais d'origine ayant passé une partie de sa jeunesse à Montréal, Peter Doig réside depuis 2002 à Trinité, où sa peinture à la fois classique et moderne est devenue plus éclatante et sensuelle que jamais...

«Il totalise à lui seul un siècle de peinture.» Bel hommage rendu hier à Peter Doig par Stéphane Aquin, le conservateur de l'art contemporain au Musée des beaux-arts et commissaire de l'exposition.

Avec ses tableaux richement colorés, on associe la touche flamboyante de Peter Doig aux plus grands artistes des XIXe et XXe siècles, notamment ceux du modernisme tels que Matisse, Bonnard, Gauguin ou Munch. C'est donc fort logiquement que les oeuvres immenses de Peter Doig ont été accrochées aux cimaises des salles classiques du pavillon Michal et Renata Hornstein.

L'exposition coproduite par le MBAM et les National Galleries of Scotland d'Édimbourg, où elle a été présentée l'été dernier, offrira aux visiteurs une centaine d'oeuvres que Peter Doig a réalisées sur l'île des Caraïbes: scènes du quotidien, rappels historiques, portraits, paysages tropicaux ou évocations oniriques. Le parcours permet d'admirer le talent de ce peintre de 54 ans (actuellement l'un des plus chers sur le marché de l'art) et de saisir son cheminement si singulier.

Peter Doig travaille souvent pendant des années sur un même sujet tiré d'une photographie, d'un souvenir ou d'observations. Le tableau Ping Pong (2006-2008), dans lequel un homme joue seul (!) au tennis de table, en est un exemple. On peut admirer une douzaine d'oeuvres préparatoires que Peter Doig a créées dans le cadre de son étude sur Ping Pong: des dessins et des huiles sur toile de petit format dans lesquels il a cherché des effets de texture, de lumière et de couleurs.

«Il est perçu comme un virtuose, car il maîtrise des effets que personne n'espérerait maîtriser, dit Stéphane Aquin. Les artistes qui savent peindre le vénèrent, notamment Pierre Dorion. Jules de Balincourt l'admire beaucoup aussi.»

Curiosité esthétique

La résidence de Peter Doig à Trinité a propulsé son art, qui part depuis dans plusieurs directions, y compris celle de l'abstraction.

«Sa peinture est habitée par une nouvelle lumière et une grande légèreté, un rapport presque aqueux avec la peinture», dit Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du musée.



Du coup, quand on demande à Peter Doig de définir son style, il ne sait trop quoi dire, tant il a l'âme de la curiosité esthétique. «Je n'ai jamais été un réaliste, je ne peins pas les choses comme elles sont», se risque-t-il à exprimer. «Il ne veut pas s'enfermer dans un style, ajoute Stéphane Aquin. Chacune de ses peintures lui permet de travailler quelque chose de nouveau ou de différent.»

Peut-on voir du romantisme dans votre peinture? s'est risquée La Presse. «Il y a du romantisme juste à peindre, dit-il. Si vous n'êtes pas un peu romantique, vous ne faites pas de peinture. La peinture est un peu reliée à la poésie. Il y a une solitude dans les deux.»

Une salle est consacrée à 44 affiches de films qu'il a peintes pour les projections de films de répertoire qu'il organise tous les jeudis avec un ami. Des peintures pour des films tels qu'Orfeu Negro, Jules et Jim, Belle de jour ou L'avventura.

En partie Montréalais

Le fait que Peter Doig a vécu une partie de son enfance à Montréal rend cet événement pictural encore plus unique pour lui.

«Mes années au Québec durant mon enfance, à l'époque de l'Expo, au début de mon adolescence et, plus tard, ma vingtaine passée à Montréal ont été déterminantes pour l'évolution de ma peinture, dit-il. J'ai découvert les salles de ce musée quand j'étais enfant. À l'idée d'exposer aujourd'hui, je me sens extrêmement privilégié.»

Hier, Guy Lafleur et Réjean Houle ont d'ailleurs offert à ce grand fan du Canadien de Montréal un chandail d'Yvan Cournoyer. Peintre amateur de sports, Peter Doig adore le hockey et le pratique encore aujourd'hui. Quelques heures après la conférence de presse, il chaussait ses patins et jouait au hockey sur une patinoire près de la rue Notre-Dame Ouest...



Sa passion pour le hockey

Il a appris à patiner en 1966 à l'âge de 7 ans. Il a joué à Baie-d'Urfé, à Waterloo puis à Foster. Il a joué ensuite à Londres pendant sept ans dans la British Hockey League. «Le hockey est une priorité dans ma vie, dit-il. Toute ma vie, j'ai été un ardent partisan des Canadiens de Montréal, à l'exception de trois années malencontreuses qui correspondent à mon arrivée au Québec, une période où je suivais les Bruins. Quand on m'a envoyé en Écosse pour poursuivre mes études, j'ai apposé une affiche de Cournoyer sur mon mur!»

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Peter Doig. Nulle terre étrangère, du 25 janvier au 4 mai au Musée des beaux-arts de Montréal.

Photo: Martin Chamberland, La Presse

Le peintre Peter Doig joue au hockey.