Une page a été tournée, hier, au Centre canadien d'architecture (CCA). Sa fondatrice, Phyllis Lambert, a cédé sa place de présidente du conseil à l'architecte torontois Bruce Kuwabara, membre de ce conseil depuis 2007.

Mme Lambert a mis ainsi fin à 25 ans de gouvernance du musée et centre de recherche sur l'architecture, qu'elle a fondé en 1979. Elle avait déjà cédé la direction du CCA, qui est occupée par Mirko Zardini depuis 2005. Elle demeurera membre du conseil des fiduciaires en tant que «directeur fondateur émérite».

Sans parler de retraite, Mme Lambert, âgée de 86 ans, choisit de se retirer en douceur de cet établissement montréalais à la réputation internationale.

L'architecte qui reprend le flambeau est un professionnel renommé du monde de l'architecture. Nommé officier de l'Ordre du Canada en 2002, «pour avoir tracé l'avenir du patrimoine canadien bâti de façon durable», il est l'un des fondateurs du bureau KPMB, à qui l'on doit l'édifice de l'Université Concordia situé à l'angle du boulevard De Maisonneuve et de la rue Guy, l'École nationale de ballet du Canada, à Toronto, et le Musée canadien de la nature, à Ottawa.

Retenant son émotion, Mme Lambert a dit, hier en conférence de presse, qu'il était «important que la mission du CCA soit renouvelée avec un architecte de grand talent» dont le leadership «a été de grande qualité» au sein du conseil.

De son côté, Bruce Kuwabara a souligné le rôle majeur de Mme Lambert en tant qu'artiste, historienne, chercheuse et architecte, un «modèle capable de faire la différence entre le très bon et l'excellent».

«Le CCA reçoit des chercheurs du monde entier, nous le devons aux efforts de Phyllis Lambert», a-t-il dit. L'architecte torontois a dit vouloir poursuivre son oeuvre afin d'augmenter les connexions internationales du CCA et de «le connecter à de nouveaux publics».

Quand La Presse a demandé à Mme Lambert ce qui la rendait aujourd'hui la plus fière parmi les choses accomplies au CCA depuis 25 ans, elle a répondu que c'était «la voie que le centre a prise, soit d'être au coeur des questions les plus profondes en architecture».

Le CCA a obtenu le statut de musée en 1984. Doit-on vulgariser les thèmes couverts par le musée pour l'ouvrir à un public plus large ou doit-on préserver plutôt son caractère de recherche? a demandé La Presse.

«Vulgariser n'est pas notre intention du tout, a répondu Phyllis Lambert. Nos expositions sont accessibles à tout le monde. Mais pourquoi faire des expositions pour que les gens passent et disent: «oh, c'est beau»? On espère que les choses vont avancer, alors peut-être que 10 personnes vont faire avancer les choses. C'est de notre renommée que je suis fière.»



Biographie


- Née de Saidye et Samuel Bronfman le 24 janvier 1927 à Westmount.

- Maîtrise en architecture de l'Illinois Institute of Technology de Chicago, en 1963.

- Conceptrice du Centre des arts Saidye Bronfman, créé en 1967 et devenu Centre Segal en 2008.

- À l'origine de la création d'Héritage Montréal en 1975.

- Crée le Centre canadien d'architecture en 1979.

- Membre fondateur de l'International Confederation of Architectural Museums, qu'elle a présidé de 1984 à 1987.

- Fondatrice du Fonds d'investissement de Montréal pour revitaliser les quartiers défavorisés en 1996.

- Préside l'Institut de politiques alternatives de Montréal depuis 2009.