Les héritiers de la famille juive de collectionneurs d'art Lederer, qui réclament la restitution de la monumentale Frise Beethoven de Gustav Klimt, un joyau de la Sécession viennoise, veulent la réparation d'une injustice, ont déclaré  jeudi leurs avocats.

«Nos clients veulent la réparation d'une injustice», a expliqué Marc Weber, l'un des avocats des héritiers d'Erich Lederer, lors d'une conférence de presse au lendemain de l'annonce du dépôt auprès du ministère de la Culture d'une demande de restitution.

«La façon dont l'Autriche assume son histoire dans une affaire de ce type est extrêmement important pour son image internationale», a-t-il ajouté au cours d'une conférence de presse à Vienne.

Gustav Klimt (1862-1918) a réalisé cette fresque murale de 34 mètres de long sur 2 mètres de haut pour la quatorzième exposition du mouvement des artistes autrichiens de la Sécession, du 15 avril au 27 juin 1902, consacrée à Beethoven.

Elle a ensuite été acquise en 1903 par le mécène Carl Reininghaus, qui l'a vendue 12 ans plus tard à la famille d'industriels autrichiens Lederer.

Saisie par les Nazis en 1938, elle a été restituée à Erich Lederer, fils de Serena Lederer (décédée en 1943) après la Seconde Guerre mondiale, mais a été frappée d'une interdiction d'exportation.

Ce qui a finalement contraint Erich Lederer de la vendre en 1973 pour 15 millions de schilling autrichien (environ 750 000 $ à l'époque) à l'État autrichien, soit moins de la moitié de sa valeur estimée, a déclaré l'expert légal Georg Graf, également présent à la conférence de presse, et qui a contribué à l'élaboration du dossier de demande de restitution.

Après une dizaine d'années de restauration, la frise a été exposée au musée viennois de la Sécession à partir de 1986 où elle se trouve toujours actuellement.

La commission de restitution doit à présent étudier la requête, et rendre son avis probablement au cours de l'an prochain, a estimé un autre avocat de la famille, Stefan Nenning.

«D'un point de vue légal, la recommandation (de la commission) ne peut être qu'une restitution», a estimé Georg Graf, pointant la modification en 2009 de la législation autrichienne, qui permet de restituer une oeuvre d'art qui a été vendu à l'État.

En cas de restitution, la famille n'a pas encore décidé ce qu'elle ferait de l'oeuvre, selon les avocats.