La Rolls Royce de John Lennon est allée prendre l'air sur le circuit Gilles-Villeneuve par un véritable temps estival, hier après-midi. La Presse a accompagné dans sa promenade la voiture psychédélique, principale attraction de l'expo Les Beatles à Montréal présentée au musée Pointe-à-Callière jusqu'au 30 mars 2014.

«Toute voiture doit rouler au moins une fois aux six mois, à plus forte raison si elle est entreposée. Sinon, l'humidité va s'en mêler et ses pièces vont se détériorer. Plus elle est utilisée fréquemment, plus elle roule en douceur», souligne Jim Walters, son mécanicien et chauffeur attitré avec qui nous avons fait quelques tours de piste.

La belle ne gagnera pas de concours de vitesse, mais elle a l'habitude des circuits de course. Les premières années où le Musée royal de la Colombie-Britannique (à Victoria, sa résidence permanente), l'a confiée à Walters, il l'a conduite en ville du Musée jusqu'à son entrepôt, et une fois même jusqu'à Seattle pour l'exhiber dans une activité caritative. Hier, c'est dans un camion-remorque qu'elle a fait le chemin de Pointe-à-Callière à l'île Notre-Dame. Les seuls qui l'ont aperçue sont les rares promeneurs dans l'île.

«Aujourd'hui, on ne peut plus faire une balade en ville. Le risque est trop élevé, la valeur de la voiture a augmenté - certaines Ferrari se vendent 30 millions de dollars et ce ne sont même pas des modèles uniques - et on ne peut pas se fier à la conduite des autres chauffeurs», d'expliquer Jim Walters qui, avec ses collègues, prend un soin maniaque de cette pièce de musée.

S'il pleut ou s'il neige, la sortie de la Rolls Phantom V est reportée. Quand elle quittera Montréal en mars 2014, c'est à Victoria, où la météo est plus clémente, qu'elle fera son prochain tour de piste.

Sur le banc avant, à la gauche du chauffeur, l'espace restreint pour les jambes renvoie à une autre époque. Plus précisément à 1965, quand Lennon s'est porté acquéreur de l'élégante voiture noire qu'il a convertie au psychédélisme ambiant deux ans plus tard. Parce qu'elle séjourne dans les musées, on lui a enlevé son réservoir et Jim Walters doit remplir régulièrement le contenant d'essence installé dans le coffre arrière.

Mais ce ne sont là que des détails. Si spectaculaire soit-elle, la Rolls psychédélique est unique d'abord et avant tout parce qu'elle a appartenu jusqu'en 1977 au Beatle disparu. Comme la suite 1742 de l'hôtel Reine-Élizabeth, qui restera toujours associée au souvenir du bed in de John et Yoko à Montréal en 1969.

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Les Beatles à Montréal, au musée Pointe-à-Callière, jusqu'au 30 mars 2014.