Le Grenier des Grands-Augustins, ancien atelier de Picasso, va-t-il fermer ses portes? La justice française dira le 3 juillet si la Chambre des huissiers de justice de Paris peut expulser l'association qui entretient ce lieu mythique depuis douze ans.

Situé au 7, rue des Grands-Augustins dans le cossu VIe arrondissement de Paris, rive gauche, l'Hôtel de Savoie abrite dans son dernier étage le grenier de 200 m2 dans lequel Picasso a peint Guernica. Le peintre y avait installé son atelier parisien de 1937 à 1955, avant d'en être expulsé.

Le Comité national pour l'Éducation artistique (CNEA), qui veut le faire classer, occupe à titre gracieux depuis 2002 cet espace un temps laissé à l'abandon qu'il a rénové à ses frais et où il organise depuis des manifestations culturelles.

Mais le lieu appartient collectivement aux huissiers de Paris et de sa proche banlieue.

Et le président de la Chambre des huissiers de justice de Paris a décidé de vendre l'immeuble et a saisi le tribunal de grande instance de Paris pour expulser en urgence l'association. «La convention d'occupation s'est arrêtée en 2010 et n'a pas été renouvelée», a expliqué mercredi l'avocat de la chambre des huissiers de Paris Me Alain De Langle, après l'audience devant le tribunal.

«C'est de la spéculation immobilière éhontée sur un lieu chargé d'histoire», s'est scandalisé le délégué général du CNEA Alain Casabona. Et l'avocat Me Marc Bellanger de souligner aussi que «la chambre des huissiers de justice de Paris n'est pas seule propriétaire des lieux».

Selon le CNEA, un petit-enfant de Picasso qui n'est pas dans la succession du peintre serait «prêt à investir des millions d'euros dans un bail pour y installer une fondation privée», avec maintien de l'association, selon M. Casabona, qui ne souhaite pas révéler l'identité de cette personne.

Un comité de soutien, animé par le photographe Lucien Clergue, l'actrice Charlotte Rampling et le violoniste Didier Lockwood s'est formé autour du CNEA.

François Hollande a récemment demandé à la ministre de la Culture Aurélie Filippetti «de se saisir prioritairement» du dossier de classement du lieu au titre des monuments historiques.