Feux d'artifices, fanfares, entrée gratuite jusqu'à minuit: la reine Beatrix des Pays-Bas a rouvert en grande pompe samedi les portes du Rijksmuseum devant des milliers de Néerlandais, après dix ans de rénovations pour rendre au Siècle d'Or de l'art néerlandais un cadre digne de lui.

Accueillie par des fanfares costumées venues des quatre coins du pays et même des territoires néerlandais d'outre-mer, la reine a foulé un gigantesque tapis orange s'avançant depuis le musée sur le Museumplein, un immense terre-plein devant l'imposante bâtisse.

Sous le regard de milliers de spectateurs ayant bravé une pluie intermittente et en compagnie du directeur du musée Wim Pijbes, elle a symboliquement rouvert le Rijksmuseum en tournant une clé géante dans une serrure.

Des feux d'artifice et gerbes de fumée bleus, blancs et rouges, couleurs du drapeau national, et orange, la couleur nationale, ont alors été tirés.

Pour la reine Beatrix, il s'agissait de sa dernière apparition publique majeure en tant que souveraine, avant son abdication prévue le 30 avril en faveur de son fils Willem-Alexander.

Pour la grande réouverture du musée à la renommée mondiale construit en 1885, l'entrée était gratuite samedi et l'ouverture prolongée jusqu'à minuit. Plusieurs dizaines de milliers de visiteurs étaient attendus. Dans l'après-midi déjà la file d'attente atteignait par moment plus de 200 mètres, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Pendant dix ans, nous avons travaillé dur pour en faire un musée complètement neuf», a déclaré à l'AFP Erik van Ginkel, directeur marketing du Rijksmuseum.

«On a fait en sorte que ce soit beau, mais aussi qu'on sente le temps s'écouler entre les différentes époques», a-t-il ajouté, en parlant du nouvel agencement des salles.

Les oeuvres ne sont plus isolées, mais se côtoient désormais, rassemblées par périodes et thèmes afin de favoriser la mise en perspective des toiles en tant que fenêtres sur leurs époques.

800 ans d'histoire néerlandaise

La reine avait été accueillie par le maire d'Amsterdam Eberhart van der Laan et avait visité le musée, guidée à travers les nombreuses salles par Wim Pijbes en personne.

Outre les oeuvres de Johannes Vermeer, Gabriel Metsu et autres grands noms du Siècle d'Or, la visite l'a conduite devant l'attraction principale La Ronde de Nuit, tableau le plus célèbre de Rembrandt (1606-1669).

Cette toile monumentale de 3,8 mètres de haut sur 4,5 mètres de large pour 337 kg a sa propre salle, «La salle de la Ronde de Nuit», située au bout de la somptueuse «Galerie d'Honneur», dédiée au Siècle d'Or, le XVIIe, et durant laquelle les Pays-Bas dominaient le commerce mondial.

La richesse du pays permettait aux bourgeois nouveaux riches de commander des tableaux, essentiellement des portraits ou paysages.

Le Rijksmuseum, qui abrite également des oeuvres d'autres arts plastiques et des objets historiques, accueillait environ 1 million de visiteurs par an avant sa rénovation. Il peut désormais en recevoir entre 1,5 et 2 millions par an.

«C'était très impressionnant, on a attendu deux heures, mais ça valait le coup», a déclaré Kuba Koltowski, 25 ans, étudiant suédois en week-end à Amsterdam.

«J'ai trouvé cela grandiose», a assuré Margalith van Huiden-ten Brink, Amstellodamoise de 57 ans ayant visité le musée plusieurs fois avant sa rénovation, notamment en tant qu'enfant.

Extensions, modifications, faux plafonds, le Rijksmuseum s'était étendu de manière disparate au fil des années, aucun plan n'embrassant une vue globale n'ayant été mis en place sur plus de cent ans d'existence.

Les Sévillans Antonio Cruz et Antonio Ortiz, architectes responsables de la rénovation, avaient pour mot d'ordre de remettre en valeur le travail romanticogothique de Pierre Cuypers, l'architecte néerlandais ayant dessiné le bâtiment.

Quelque 8000 pièces au total sont exposées dans 80 salles pour raconter 800 ans d'histoire néerlandaise, de 1200 à 2000, «du Moyen-Âge à Mondrian». Le musée, où l'on entre maintenant par un spectaculaire atrium, a une superficie totale de 30 000 m2.