Le Musée des beaux-arts du Canada présente jusqu'au 14 avril une rétrospective consacrée au photojournaliste anglais Don McCullin.

Don McCullin: une rétrospective n'est pas une exposition «youpla houp». Mais c'est à un devoir de mémoire et à une réflexion sur l'être humain que nous convie le Musée des beaux-arts du Canada, à Ottawa.

Don McCullin, ce fils d'un poissonnier de la banlieue londonienne aujourd'hui âgé de 77 ans, a photographié des conflits armés, mais aussi des ciels gris, pluvieux, enfumés et poussiéreux de l'Angleterre industrielle, des sans-abri et des malades mentaux qui dormaient sur des cartons et faisaient des feux sur les trottoirs de Londres.

L'exposition présente 134 photos des années 50 à aujourd'hui. Ce sont bien sûr ses photographies de conflits qui ont fait la renommée du photographe, celles publiées alors dans The Observer, The Sunday Times et The Daily Telegraph, puis dans The Times.

Les photos nous plongent dans la détresse des Allemands, de Berlin-Ouest comme de Berlin-Est, quand ils virent l'érection du mur de la honte. Elles rappellent les premières années du conflit en Irlande du Nord et le drame du Biafra en 1968.

La photographie d'une Biafraise de 24 ans, qui a l'air d'en avoir 60, les seins décharnés, avec son enfant qui tète en vain, est saisissante. «L'une des choses les plus épouvantables qu'il m'ait été donné de voir», avait dit alors Don McCullin.

Au coeur de cette monographie, on trouve les photos du Viêtnam, en 1965, quand la guerre entre Américains et communistes nord-vietnamiens fait rage. Le photographe ne juge pas, mais ne se censure pas.

Don McCullin photographie autant des GI qui pillent les cadavres de Vietnamiens qu'un jeune soldat infirmier américain portant un enfant de 2 ans dans ses bras.

Les images-chocs dépeignent les atrocités de la guerre comme l'avait fait l'Espagnol Francisco de Goya avec la peinture au début du XIXe siècle et l'Allemand Otto Dix avec ses dessins, un siècle plus tard.

À l'époque, les photographies de Don McCullin avaient provoqué une prise de conscience et une forte indignation aux États-Unis. Autant que celles qui furent prises dans les camps de Sabra et Chatila, au Liban, ainsi qu'à Chypre, au Congo et au Cambodge, où McCullin fut gravement blessé.

La visite au MBAC peut se prolonger avec Collision: le conflit et ses conséquences, un choix d'oeuvres de la collection du musée sur le thème de la guerre et des conflits, présenté en même temps.