Opiniâtre, le galeriste Frédéric Loury en est à sa cinquième édition d'Art souterrain. Cette année, le festival accueille, du 2 au 17 mars, 121 projets créés par 140 artistes - dont neuf en provenance de Barcelone, la ville invitée - et exposés dans 14 édifices et deux stations de métro du centre-ville.

Pas facile d'organiser un festival d'arts visuels à Montréal. Faire venir des artistes d'Europe et du reste du Canada. Installer leurs oeuvres de façon sécuritaire dans des espaces publics où passent des milliers de personnes chaque jour. Luttant contre vents et marées, malgré des problèmes financiers récurrents qu'il est obligé d'éponger personnellement, Fred Loury persiste et signe un festival Art Souterrain qui acquiert une réputation internationale.

Cette année, les artistes proviennent de 17 pays (au lieu de neuf l'an dernier) : 55% sont Québécois, 25% étrangers et 20% Canadiens hors Québec. Parmi les artistes annoncés, citons Klaus Fruchtnis, Yu-Hang Huang, Mark-David Hosale, Dan Hudson et chez les Québécois, Catherine Bolduc et Damian Siqueiros.

Après Paris l'an dernier, c'est Barcelone qui vient présenter des artistes de sa scène émergente, sous la direction de la commissaire Alexandra Laudo. Les neuf artistes de Barcelone exposeront leurs oeuvres au Complexe Desjardins et rencontreront les amateurs d'art actuel le 4 mars.

«On a choisi Barcelone car la Catalogne a une culture propre en Espagne, comme nous au Canada, dit Fred Loury. Le thème est le labyrinthe cette année, c'est-à-dire notre rapport à l'art contemporain dans son aspect labyrinthique car même pour les professionnels, il est souvent difficile d'être au courant des tendances, des mouvements, des influences. Il n'y a plus la même connivence qu'avant. Le thème aborde cet état de fait.»

Cette année, il y a moins de projets d'artistes que l'an dernier, notamment à cause d'un manque de financement. Heureusement, le festival a ses défenseurs. «La Ville de Montréal m'aide beaucoup, dit Fred Loury, notamment et surtout Jean-Robert Choquet, très généreux de son temps. Destination centre-ville, avec André Poulin, m'aide beaucoup aussi. Ils ont compris l'utilité d'un événement culturel dans le réseau souterrain de Montréal. Sinon, le Conseil des arts et des lettres du Québec et le Conseil des arts du Canada ne donnent toujours pas un cent.»

Art Souterrain lance donc cette année un financement participatif via les cinq activités gratuites qui coûtent cher. Parmi ces activités, il y aura des visites guidées quotidiennes, une table-ronde au Musée des beaux arts avec la commissaire, une analyse de portfolios d'artistes et un atelier photo. Le financement participatif (les visiteurs peuvent donner ce qu'ils veulent) permettra donc de réduire le déficit du festival qui n'en demeure pas moins dynamique sur la mise en scène des oeuvres.

«Les projets sont plus scénographiés cette année, mieux mis en lumière, dit Fred Loury. Les espaces vidéo seront mieux adaptés aux lieux, avec des espaces semi-ouverts pour six personnes assises qui peuvent regarder les vidéos dans une semi-obscurité tout en se trouvant dans un centre commercial. On travaille donc plus sur le lien entre l'oeuvre et le visiteur.»

La Banque Scotia ne remettant plus le prix Choix du public, le festival remettra à la place un Prix de la relève La Vitrine culturelle réservé à un artiste de moins de 35 ans. Enfin, le Passeport pour l'art avec sa chasse aux trésors nocturnes et ses nombreux prix de présence reviendra le samedi 16 mars.

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5e Festival Art souterrain, du 2 au 17 mars. www.artsouterrain.com