Nouveau film immersif projeté sur le dôme de la Satosphère, Chaos & Order, des artistes allemands Rocco Helmchen et Johannes Kraas, a l'originalité de porter un regard artistique sur les mathématiques. Le réalisateur Rocco Helmchen présente, en 40 minutes et quatre «mouvements», les caractéristiques mathématiques que sont les formes géométriques, les simulations, les algorithmes et le fractal. Le tout est enveloppé de la musique mi-électronique mi-symphonique du compositeur Johannes Kraas.

Chaque mouvement débute par une référence à la réalité de la vie terrestre, qu'elle soit urbaine ou rurale, avant de nous plonger dans le thème étudié qui est décortiqué en présentant une sorte de résumé de l'état actuel des connaissances. Les effets visuels sont donc nombreux et variés.

Dans le premier mouvement, on passe du cube au kaléidoscope puis à la cristallographie, aux différentes espèces de volumes et de polyèdres, à la géode et aux sphères et spirales de toutes sortes.

Avec le second mouvement, nos yeux sont inondés de fourmillements visuels et de pluies météoritiques. La musique de Kraas devient plus hispanique, plus fluide comme les images qui finissent par évoquer la thermodynamique puis la collision de deux galaxies, un phénomène pour le moins spectaculaire.

Le troisième mouvement sur les algorithmes explore bien le sujet plus compliqué avec une musique plus électronique. On entre dans des couleurs et des figures complexes, notamment les réactions oscillantes de Belousov-Zhabotinsky  ou les comportements chaotiques définis par l'équation de Mikhail Rabinovitch et Anatoly Fabrikant. On est dans le coeur des maths...

Enfin, le quatrième mouvement permet de pénétrer dans le fractal, un phénomène de reproduction plus facile à comprendre puisqu'on le connaît dans la nature avec la fougère ou le chou romanesco. La répétition exacte, quelle que soit l'échelle, fascine. Le film le rend bien avec les exemples de Mandelbulb ou l'éponge de Menger que l'on retrouve avec des organismes tels que les coraux.

Le résultat du travail des deux artistes, projeté sur 230º, soit une configuration de type planétarium, est harmonieux. Il a dû nécessiter évidemment beaucoup de recherche, de patience et de travail de mise en forme. Mais le film nous laisse un peu sur notre faim. Même avec une musique efficace et agréable, on se lasse vite de cet univers puisé dans les connaissances et les raisonnements abstraits. On est loin du visuel et des propos nourrissants de Six Mil Antennas, de Johnny Ranger et Manuel Chantre, mais un public d'amateurs de sciences et de mathématiques y trouvera sûrement son compte.

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Chaos & Order, à la SAT. Jusqu'au 8 février, du mardi au vendredi à 19h.