À l'occasion de la publication de Arts décoratifs et design: La collection du Musée des beaux-arts de Montréal, qui recense 700 des plus beaux objets décoratifs et de design du MBAM, la conservatrice Diane Charbonneau nous a fait visiter «sa» section, unique sur notre continent et qui regorge de merveilles présentées dans d'agréables espaces rénovés.

La section des arts décoratifs du Musée des beaux-arts de Montréal a été créée en 1916. En 2000, elle s'est soudain enrichie des 5000 objets du XXe siècle de la collection Liliane et David M. Stewart. Aujourd'hui présentée dans une scénographie moderne et aérée, la collection des arts décoratifs et du design contient près de 16 000 objets allant du flacon antique jusqu'au BIXI.

La conservatrice Diane Charbonneau, qui a travaillé 10 ans pour l'ex-Musée des arts décoratifs, veille sur ces chefs-d'oeuvre de design industriel, d'ébénisterie, de textile et surtout de design culturel qui en font un rare assortiment de choix en Amérique du Nord.

«Au Canada, on est les seuls à collectionner et à exposer des bijoux et des objets en verre datant de l'Antiquité à nos jours», dit Mme Charbonneau devant un vitrail de Tiffany.

La galerie du verre est remarquable. Les fragiles objets y sont présentés selon leur similitude de décor, de forme, de technique ou de sujet traité, ce qui permet de les comparer et de mesurer l'évolution de la maîtrise de cette matière. Comme cette bouteille de verre soufflé en forme de grappe de raisin du IIIe siècle après J.-C. qui a été placée près d'un autre verre soufflé du Finlandais Timo Sarpaneva réalisé en 1964.

«Quand on a une collection de cette ampleur, cela permet au visiteur de réaliser qu'il y a des continuités dans le travail», dit Mme Charbonneau.

Dès le 8 juin et durant tout l'été, le musée exposera d'ailleurs des oeuvres en verre spectaculaires de l'Américain Dale Chihuly. On peut en voir un spécimen dans cette galerie: une sorte d'algue marine dans les tons dominants de jaune, de près d'un mètre de large, de sa série SeaForm, créée en 1990.

Quelque 500 bijoux

La collection de 500 bijoux, qui proviennent surtout de la famille Stewart, est fascinante de diversité. Des broches d'Alexander Calder et de Salvador Dalí, et des pendentifs de Pablo Picasso côtoient des bijoux plus sculpturaux et artistiques, comme la broche de Barbara Cohen, faite en cocons de fil de soie et fourrure de castor, ou le bracelet de Clémence Heugel en épingles de sûreté en laiton. On peut rester des heures à contempler les témoins d'un tel travail de précision qui requiert bien du génie et de l'inspiration.

Non loin de la joaillerie, on trouve un ensemble de chaises, de lampes et de tiroirs, le tout fixé au mur par paires, une idée de l'ex-conservatrice Rosalind Pepall pour illustrer que la fonction des objets est immuable, même quand leur forme change de façon sensible avec le temps et l'imagination du genre humain.

Design

Tout près, dans une aire discrète, on trouve le Lab Design, une salle conviviale créée en 2008. On peut y relaxer dans de larges fauteuils, entouré de créations contemporaines. Le design environnemental, avec sa répétition de paniers d'épicerie verts et ses boîtes de conserve vides, a été réalisé par Paprika et complété par des objets de design de qualité coûtant moins de 100$.

Sont ainsi exposés des ustensiles de cuisine de la ligne A d'Alessi, des objets équitables ou issus du recyclage, d'autres créés par Stefano Giovannoni pour la marque Cassina ou encore des tasses en céramique d'Hugo Didier.

«On est dans une époque où la créativité est en ébullition, se réjouit Diane Charbonneau. On le sent beaucoup au Québec, avec tous les efforts qui se font en design, les foires, le souk de la SAT, la mode, la céramique, un peu de tout. Et les jeunes travaillent beaucoup en collaboration, sans catégoriser. Art ou artisanat, ils échangent et c'est très enrichissant.»