Le plus important vol d'art depuis 20 ans aux Pays-Bas, survenu le 16 octobre, pourrait être lié à la saisie record de huit tonnes de cocaïne dans un port belge quelques jours plus tôt, a affirmé mercredi un expert de la sécurité des musées.

«Un agent de police haut placé m'a appelé pour m'apprendre la théorie selon laquelle le vol est lié au trafic de drogues», a assuré à l'AFP Ton Cremers, expert de la sécurité dans les musées et ancien chef de la sécurité du célèbre Rijksmuseum à Amsterdam.

Sept toiles, dont des oeuvres de Pablo Picasso, Henri Matisse, Claude Monet et Paul Gauguin, avaient été dérobées dans la nuit au musée Kunsthal de Rotterdam, pour un butin estimé entre 50 et 200 millions d'euros.

Il s'agit du vol d'oeuvres d'art le plus important aux Pays-Bas depuis 1991, lorsque 20 tableaux avaient été dérobés au musée Van Gogh d'Amsterdam.

Les toiles auraient pu être volées pour rembourser ou dédommager la perte subie par des trafiquants suite à la saisie, le 12 octobre, de huit tonnes de cocaïne d'une valeur à la revente de 500 millions d'euros dans le port d'Anvers, dans le nord de la Belgique.

«Ce n'est pas prouvé, ce n'est qu'une théorie», a néanmoins souligné M. Cremers, ajoutant : «la possibilité est très grande». «En 20 ans de métier, j'ai pu observer des liens très forts entre les trafics d'art et de drogues», a-t-il assuré.

Ton Cremers a par ailleurs refusé de donner des informations quant à l'identité du membre de la police qui l'a appelé, indiquant uniquement qu'il n'était ni Belge, ni Néerlandais.

Cachée dans un conteneur de bananes en provenance de l'Equateur, la drogue saisie lors de cette opération, l'une des plus importantes saisies jamais réalisées en Europe selon le parquet d'Anvers, devait être déchargée dans le port de Rotterdam. Quatre Néerlandais avaient été arrêtés.

La police néerlandaise, qui mène l'enquête sur le vol des toiles, a lancé des appels à témoins et a diffusé à la télévision des images du vol filmées par des caméras de surveillance dans le musée de Rotterdam.