L'intérêt de l'exposition Il était une fois l'impressionnisme repose sur la particularité des collectionneurs Sterling et Francine Clark, et sur le fait qu'elle marque l'apparition de plusieurs phénomènes, dont le passage de l'académisme à l'impressionnisme. L'académisme est représenté dans la collection Clark par la peinture proprette de William-Adolphe Bouguereau et les toiles orientalistes de Jean-Léon Gérôme, tous deux viscéralement anti-impressionnistes.

Dans une des salles, Nathalie Bondil a placé le Nu assis de Bouguereau, le Charmeur de serpents et Femmes fellahs puisant de l'eau de Gérôme aux côtés de Femme à l'éventail, La Baie de Naples, le soir ou Le Palais des Doges à Venise, de Renoir.

«On peut voir ainsi qu'au-delà du style, il y a une même idéologie, un même conservatisme dans la façon de considérer les femmes, et un même regard sur les colonies», dit la directrice du MBAM.

Si l'impressionnisme a révolutionné l'art, il a eu du succès grâce aux collectionneurs européens et américains qui achetaient des oeuvres pour décorer leurs résidences.

«Il y a eu l'essor d'un marché et les impressionnistes ont compris le goût bourgeois pour une peinture décorative, ajoute Mme Bondil. Mais curieusement, les impressionnistes n'ont pas toujours embrassé les combats signes de progrès. Renoir était antidreyfusard, alors que Gérôme s'était prononcé pour Dreyfus. Et Bouguereau a beaucoup poussé pour qu'on accepte les femmes dans les académies de peinture, alors que la société était très sexiste. Ne sont pas toujours révolutionnaires ceux que l'on croit...»