Un artiste russe de 26 ans soupçonné d'avoir vandalisé à la peinture noire une toile de l'Américain Mark Rothko dimanche à la Tate Modern de Londres, a été arrêté lundi par la police britannique, a-t-on appris de source policière.

Vladimir Umanets a été interpellé lundi soir à Worthing (sud de l'Angleterre) et placé en garde à vue dans un commissariat du comté du Sussex, a précisé la police métropolitaine dans un communiqué.

Le jeune homme avait lui-même revendiqué quelques heures plus tôt auprès de médias britanniques la paternité du graffiti inscrit dans un coin de l'oeuvre de Rothko, qui proclamait «Vladimir Umanets, une oeuvre potentielle de Yellowisme».

Le «Yellowisme» (qui pourrait se traduire par «Jaunisme»), dont il se présente comme l'un des fondateurs, n'est «ni de l'art, ni de l'anti-art», explique-t-il sur le site du mouvement. «C'est un élément de la culture visuelle contemporaine, ce n'est pas un mouvement artistique».

«Certains penseront que je suis fou ou que je suis un vandale, mais mon intention n'était pas de détruire (l'oeuvre) et d'en faire baisser la valeur, ou de faire une folie», a-t-il expliqué, selon le quotidien The Daily Telegraph. «Je ne suis pas un vandale, je suis un Yellowiste. Je crois en ce que je fais et je voudrais que les gens commencent à en parler, c'était comme une tribune».

Selon lui, son acte pourrait accroître à terme la valeur de l'oeuvre de Rothko. «Je pense que si quelqu'un restaure l'oeuvre et enlève ma signature, la valeur de l'oeuvre va baisser mais après quelques années la valeur remontera grâce ce que j'ai fait», a-t-il déclaré selon le Guardian.

Il s'est comparé à l'artiste français Marcel Duchamp, qui avait fait scandale en signant un urinoir avant de l'exposer en 1917, selon le Guardian.

En 1958, les architectes de la toute nouvelle tour Seagram avaient commandé les tableaux de Rothko pouvant mesurer jusqu'à 2,66 m sur 4,57 m pour décorer les murs du luxueux restaurant Four Seasons au rez-de-chaussée de ce gratte-ciel situé au coeur de Manhattan.

Mais Rothko, pour une raison qui reste toujours mystérieuse, avait finalement décidé d'annuler cette commande. Il avait restitué les sommes perçues et avait fait don, notamment à la Tate, des toiles déjà réalisées.