Bien que controversé, Andy Warhol fut aussi un des artistes les plus influents de sa génération. L'imposante exposition Regarding Warhol: Sixty Artists, Fifty Years du Met de New York tente d'en faire la preuve.

L'expo Regarding Warhol du Metropolitan Museum of Art de New York vient à peine d'ouvrir ses portes qu'elle est déjà presque assurée d'être un immense succès. Et pour cause: elle présente côte à côte environ 50 oeuvres de Warhol, chouchou des foules, et une centaine de pièces des plus grands noms de l'art contemporain, de Jeff Koons à Damien Hirst, en passant par Nan Goldin ou Maurizio Cattelan.

Turquoise Marilyn, Triple Elvis, Mao, Brillo Soap Pad Boxes, Big Campbell's Soup Can 19¢: bon nombre des pièces les plus emblématiques de Warhol sont au rendez-vous dans la douzaine de salles que compte l'exposition. À leur côté, en contrepoint, on retrouve les oeuvres d'une soixantaine d'autres artistes qui ont été inspirés par Warhol ou ont partagé à un moment ou à un autre les préoccupations du New-Yorkais d'adoption.

L'idée: mettre en évidence l'influence de Warhol sur ses contemporains et même sur des artistes qui n'étaient pas nés quand il peignait ses premières boîtes de soupe Campbell.

Naturellement, vu la fascination que les objets du quotidien et les célébrités exerçaient sur Warhol, l'expo donne parfois l'impression d'évoluer à mi-chemin entre les allées d'un supermarché géant et les pages d'un magazine people délirant. C'est coloré, kitsch, tape-à-l'oeil et quelque peu étourdissant.

La première partie de la rétrospective est ainsi consacrée à l'obsession de Warhol pour la société de consommation, les médias et le côté sombre des États-Unis. On y retrouve évidemment ses boîtes Brillo, un grand tableau composé de bouteilles de Coca-Cola, mais aussi une sérigraphie de chaises électriques. Et, à leur côté, on découvre aussi bien la «tronçonneuse Chanel» de Tom Sachs que le vase néolithique au logo de Coca-Cola d'Ai Weiwei.

Une exposition critiquée

La section intitulée Portrait: célébrité et pouvoir compte également certaines des oeuvres les plus célèbres de Warhol (Red Jackie, Turquoise Marilyn, etc.), en compagnie de photographies de Richard Avedon, de Cindy Sherman ou de sculptures de Jeff Koons (notamment sa fameuse céramique Michael Jackson&Bubbles).

«Warhol adorait les célébrités, elles le fascinaient», rappelle Mark Rosenthal, un des trois conservateurs de l'exposition. «Adolescent, il envoyait même des lettres aux stars du cinéma et aux écrivains qu'il aimait. Quand il est venu habiter à New York, il était fasciné par l'auteur Truman Capote au point de le suivre presque comme un désaxé», explique-t-il.

Bien qu'impressionnante par sa taille, l'expo ne fait  pas l'unanimité chez les critiques new-yorkais. «Cette expo deviendra peut-être un succès auprès du public, mais elle aurait dû être bien plus stimulante et originale. Le fait que presque n'importe quel artiste des trois dernières décennies aurait pu y être inclus témoigne soit de l'influence de Warhol, soit du manque de vision de l'expo», déplore le New York Times.

Il est vrai que l'exposition prend des allures de bazar de très grand luxe. La quantité des oeuvres finit même parfois par en amoindrir la qualité.

Warhol qui produisait souvent des oeuvres à la chaîne n'aurait sans doute pas été dépaysé. Même qu'il se serait sans doute senti bien à l'aise dans la dernière partie de l'expo intitulée No Boundaries: Business, Collaboration and Spectacle. Cette dernière célèbre notamment son sens des affaires et celui d'une poignée d'autres artistes.

«Il y a encore plein de gens qui pensent qu'il était plus un businessman qu'un artiste. Mais Warhol ne s'en cachait pas, il s'en vantait même», souligne à ce sujet Marla Prather, également curatrice de l'exposition.

Devenu une sorte de marque en lui-même, Warhol n'a en effet pas hésité à tirer profit de sa notoriété. Bref, il est sans doute fort approprié que la dernière salle de l'exposition débouche directement sur la boutique-cadeau...