Deux hommes, cinq années, une trentaine de clichés. Le photographe de La Presse Edouard Plante-Fréchette inaugure ce soir à la Maison du développement durable son exposition Isaac et Thomas, une série de portraits de deux Inuits sans domicile fixe à Montréal.

Sur une image en noir et blanc, on voit un homme debout dans la cage d'escalier couverte de graffitis d'un squat, le regard inquiet. Une autre montre son ami, agenouillé derrière quatre grosses bouteilles de bière, les cheveux en bataille.

Les clichés racontent le parcours difficile d'Isaac Augiak et de Thomas Weetaltuk, deux Inuits venus s'installer dans la métropole.

«Je crois que c'est important de conscientiser les gens à Montréal à ces problèmes, dit le photographe. Beaucoup arrivent à Montréal et se perdent dans le maelstrom de la ville. Ils n'ont pas d'outil pour gérer toutes ces informations qui arrivent d'un coup. Ils arrivent avec leurs problèmes, qui prennent de plus en plus de place une fois ici.»

Prison, alcool, abus

C'est par hasard qu'Edouard Plante-Fréchette a rencontré les deux amis en 2005. Il était alors étudiant en photographie. «Je sentais qu'il y avait une histoire derrière ces deux hommes, explique-t-il. C'est malheureux à dire, mais ils sont en quelque sorte représentatifs de leur génération, touchée par un changement de mode de vie. Ils ont vécu à peu près toutes les difficultés que les Premières Nations peuvent vivre: prison, problèmes d'alcool, abus.» Il les a photographiés régulièrement pendant cinq ans, témoin de leurs disputes, de leurs problèmes de santé, de leur combat contre l'alcool et les drogues. Il a perdu de vue Isaac mais reste en contact avec Thomas, qui a réussi à s'en sortir et est retourné vivre dans le nord du pays.

En plus de l'exposition de photos, présentée dans le cadre des Journées de la culture, un documentaire d'une trentaine de minutes sera diffusé le 29 septembre à 14h30.