La Tate Gallery londonienne présente à partir de mercredi plus de 150 oeuvres, peintures, sculptures, mobilier, des artistes du mouvement pré-raphaélite, des Britanniques qui avaient su imposer dans l'art une audace nouvelle à la fin du XIXème siècle, en pleine ère victorienne.

L'exposition intitulée Les Pré-raphaélites, l'avant-garde victorienne a lieu à la Tate du 12 septembre au 13 janvier.

La «confrérie pré-raphaélite» a été fondée en 1848 par trois artistes âgés à l'époque de 19 à 21 ans, William Holman Hunt, John Everett Millais, et Dante Gabriel Rossetti, pour manifester leur opposition au conformisme académique incarné par l'oeuvre de l'italien Raphaël, qu'ils estimaient retrouver dans l'art anglais de l'époque.

Ils réintroduisent ainsi notamment des couleurs vives, dans des sujets souvent à forte inspiration romantique, comme le célébrissime Ophélie de Millais, présenté dans cette exposition. Tout récemment mise en évidence, une ombre étrange, ressemblant à une érection, dans le Isabella du même artiste (1848), suggère d'autres facettes méconnues et facétieuses de ces jeunes peintres.

L'exposition montre les Pré-raphaélites comme un des premiers mouvements artistiques d'avant-garde, dans la peinture et dans d'autres arts, sculptures ou pièces d'ameublement, comme l'armoire dessinée en 1858 par Philip Webb et peinte par Edward Burne-Jones, ou le lit de William Morris.

Les Pré-raphaélites ont aussi été «les premiers artistes à avoir sorti leurs toiles dehors et à peindre en extérieur», notamment des êtres vivants, «ce qui a été facilité par le développement du train», observe Alison Smith, la curatrice de l'exposition.

Pour son The pretty Baa - Lambs (1851-59), Ford Madox Brown avait ainsi fait venir chaque matin les moutons en charrette et se plaignait dans son journal que l'un de ses modèles ait mangé «toutes les fleurs du jardin, où ils avaient l'habitude de très mal se conduire».

C'est, selon Mme Smith «la seule fois qu'un mouvement artistique britannique a changé le monde», et si le mouvement n'a certainement pas que des admirateurs, il n'empêche qu'à l'époque, «tout le monde les connaissait et ils étaient l'équivalent, pourrait-on dire, de Damien Hirst aujourd'hui».

Il a fallu cinq ans pour monter cette exposition, la première de cette ampleur en trente ans au Royaume-Uni sur les Pré-raphaélites. Après Londres, elle ira à la National Gallery of Art à Washington et au musée Pouchkine à Moscou.