Des archéologues italiens enquêtant sur le mystère de La Joconde ont mis au jour mardi un squelette dans un couvent abandonné de Florence, étape cruciale selon eux dans leur quête de la noble dame qui aurait servi de modèle à Léonard de Vinci (1452-1519).

«Aujourd'hui, nous avons découvert une nouvelle tombe contenant un squelette complet», s'est félicité Silvano Vinceti, le coordinateur des recherches.

Plusieurs corps ont déjà été exhumés dans le cadre de ces recherches qui visent à découvrir la sépulture de Lisa Gherardini, considérée par ces chercheurs comme la belle Florentine ayant posé pour le plus célèbre portrait de l'histoire de la peinture.

«Nous sommes arrivés à l'étape qui est vraiment excitante pour les chercheurs. Nous nous approchons enfin du résultat de tout le travail que nous avons entrepris: est-ce que nous trouverons ou pas les restes de Lisa Gherardini ?», a expliqué M. Vinceti à l'AFP.

Même si la découverte de ce nouveau squelette est particulièrement stimulante, M. Vinceti reconnaît que des tests doivent encore être réalisés afin d'en déterminer l'identité.

Les archéologues ont commencé à explorer le sous-sol du couvent de Sainte-Ursule l'an dernier, après que de nouveaux documents eurent confirmé que la veuve d'un riche marchand de soie florentin, Francesco del Giocondo, y avait vécu avec ses deux filles religieuses et y avait été inhumée.

Francesco del Giocondo aurait été le commanditaire de La Joconde et, selon la thèse défendue par M. Vinceti, son épouse aurait servi de modèle au génie de la Renaissance, qui composa entre 1503 et 1506 son chef-d'oeuvre, aujourd'hui conservé au musée du Louvre à Paris.

Le squelette découvert mardi doit faire l'objet de tests pour permettre de confirmer qu'il s'agit bien de celui de Lisa Gherardini.

«Le carbone 14 nous permettra de dater les restes qui doivent dater du milieu du XVIe siècle (si ce sont vraiment ceux de Lisa Gherardini NDLR). Nous ferons aussi des tests pour déterminer à quel âge cette personne est décédée, puisque nous savons que Lisa Gherardini est morte à l'âge de 62 ou 63 ans», a expliqué M. Vinceti.

«Et ensuite viendra le test le plus important, celui de l'ADN, car nous disposons des restes de ses enfants (enterrés au couvent florentin de la Santissima Annunziata NDLR). S'ils correspondent, nous saurons qu'ils appartiennent au modèle de La Joconde», a-t-il affirmé.

«Une icône»

En cas de résultat positif, les chercheurs souhaitent reconstruire son visage, une opération qui devrait prendre deux mois, et le comparer avec celui du fameux portrait.

Une perspective qui enthousiasme Giovanni Roncaglia, l'un des assistants de M. Vinceti: «C'est une sensation extraordinaire, parce que nous travaillons sur un personnage célèbre, une icône. Je trouve fantastique de travailler sur quelque chose qui entrera dans l'Histoire».

L'an dernier, Silvano Vinceti avait affirmé avoir trouvé des symboles cachés dans la peinture de La Joconde, ajoutant que l'apprenti de Léonard aurait lui aussi inspiré le tableau même si le modèle principal resterait Lisa Gherardini. Une théorie accueillie à l'époque avec un grand scepticisme par le musée du Louvre.

M. Vinceti, dont l'équipe s'était fait connaître en identifiant en 2010 les restes du Caravage, avait mis cette réaction sur le compte de l'embarras. «Je comprends leur incrédulité et leur surprise, au fond c'est la peinture la plus étudiée au monde (...) ils sont vraiment aveugles», avait-il réagi.