Pour le 150e anniversaire de la naissance de Gustav Klimt, les musées viennois proposent un regard intime sur le peintre autrichien, creusant les différentes couches de peinture de ses oeuvres et dévoilant des facettes inconnues du personnage, avec une dose de kitsch.

Au cours du XXe siècle, Gustav Klimt, né le 14 juillet 1862 et décédé en 1918, a conquis une reconnaissance internationale, bien au-delà de la sphère artistique, la ville de Vienne exploitant son célèbre tableau Le baiser dans ses campagnes de publicité.

Son travail a pourtant choqué au début du XXe siècle, alternant entre opulence et des personnages tourmentés.

Les 400 lettres et messages échangés avec son amie de longue date Emilie Flöge et exposés au musée Leopold, mettent en avant une personnalité fantaisiste et détendue: «Je voulais t'envoyer une carte marrante, mais je dois d'abord surmonter ... l'énorme stupidité de l'être humain. Affectivement, Gustav», écrit-il ainsi dans une de ces notes.

Des photos de vacances d'été montrent l'artiste toujours vêtu de son tablier difforme, les cheveux en bataille, et avec un sourire machiavélique, tenant un chat dans ses bras.

Dans ses messages à Emilie - il pouvait lui en envoyer jusqu'à huit par jour, souvent de simples observations - il décrivait son petit-déjeuner ou se plaignait d'une mauvaise grippe.

Le Wien Museum s'est aussi saisi de l'occasion pour montrer «un artiste-vedette, dont le malheur est que tout le monde pense le connaître très bien». Pour preuve, la multitude d'objets souvenirs kitsch reprenant Le baiser ou d'autres tableaux célèbres du peintre en vente à Vienne.

Plus tôt cette année, le musée avait lancé un appel sur le réseau social Facebook pour trouver «Le pire de Klimt». Au total, 140 objets ont été envoyés, allant d'une photo de tatouages à un siège de toilettes, en passant par un oeuf qui s'ouvre avec les deux personnage du Baiser, pivotant sur la chanson Can't Help Falling in Love d'Elvis Presley.

Le musée a sorti pour la première fois son entière collection de Klimt, notamment le masque mortuaire de l'artiste, son imposant tablier et plus de 400 oeuvres, allant de ses débuts à l'École des beaux-arts jusqu'à ses dernières années.

Loin des spirales du Baiser, les esquisses - une jambe par-ci, une épaule par-là - proposent «une vision intime dans le développement de Klimt et sa méthode: un gros-plan sur un artiste», explique le directeur du musée, Wolfgang Kos.

Pour cet anniversaire, les musées viennois se sont démenés pour trouver l'idée la plus originale. Même le très sérieux Musée du Belvédère, qui abrite Le baiser, a organisé un «Concours des sosies de Gustav Klimt et d'Emilie Flöge» prévu le 14 juillet.

Ceux qui préfèrent s'attarder sur le travail de l'artiste trouveront aussi leur bonheur. La Galerie Sécession, du nom du mouvement artistique dont Klimt a été un des initiateurs, expose la fameuse Frise Beethoven et emmène les visiteurs découvrir l'oeuvre sur une plate-forme située entre trois et cinq mètres au-dessus du sol.

Le travail derrière l'oeuvre, les couches de feuilles et de peinture d'or, est expliqué dans un documentaire vidéo, revenant sur la restauration consciencieuse de la frise, après avoir subi de gros dommages.

Gustav Klimt a été l'une des principales figures de l'art à Vienne, lorsque la capitale autrichienne était, avec Paris et Berlin, l'un des centres culturels et artistiques en Europe, avec des personnalités comme Sigmund Freud, les architectes Adolf Loos et Otto Wagner, ou encore le peintre Egon Schiele.

Wolfgang Kos note, qu'avec l'ensemble des parapluies, des stylos ou tout autre gadget vendus à Vienne, «Klimt est devenu, de façon posthume, une des meilleures agences de publicité pour Vienne».