Montréal, ses créateurs invités et locaux, et le public féru d'art contemporain peuvent désormais profiter d'un lieu unique de création et de diffusion d'oeuvres de «propriété intellectuelle»: le centre PHI, dont les concepteurs ont procédé hier à la «pré-pré-préouverture».

«PHI est un édifice intelligent dédié aux arts», a lancé Penny Mancuso, la présidente du centre, avant que la fondatrice et directrice artistique Phoebe Greenberg ne procède à une visite guidée qui a fortement impressionné les spécialistes autant que les profanes. Même si le lieu est encore un vaste chantier.

En face de la salle d'attente, «wi-PHI» il va sans dire, ouvriers et techniciens s'affairent dans la future salle de spectacle/cinéma d'une centaine de places (assises) ou des panneaux culbutants assureront, comme partout ailleurs dans l'édifice, la complète intégrité acoustique du lieu: aucune «contamination» sonore d'une salle à l'autre.

Aucune «contamination» visuelle non plus, tous les fils tuyaux et autres boyaux étant cachés dans les murs, une contrainte, nous dit l'architecte Stéphane Pratte, qui ne va pas sans difficulté quand on travaille dans le «vieux bâti». Le centre PHI est situé rue Saint-Pierre dans le Vieux-Montréal, juste au nord de la rue Saint-Paul, à quelques centaines de mètres de DHC/Art Fondation, lieu de diffusion artistique ouvert par Mme Greenberg en 2007.

Aux étages supérieurs de PHI, des salles complètement modulables, dont un espace magnifique ouvert sur deux étages qui, explique Phoebe Greenberg, permet de «mettre l'art en contexte» grâce à la panoplie complète des technologies sonores et visuelles qui seront contrôlées à partir d'une régie où il reste beaucoup de fils à brancher.

«Nous voulons profiter de l'été pour explorer les différentes potentialités des salles, voir comment on peut le mieux les exploiter au profit des oeuvres qui y vivront», a pour sa part expliqué le vice-président de PHI, Michael Wright. Même si les revenus ne sont pas au centre du modèle d'affaires, précisera-t-il par ailleurs, PHI est une organisation de type entrepreneurial et les éventuels revenus d'exploitation doivent servir à en assurer la pérennité.

Bâtiment vert

Entre-temps, ce centre d'art nouveau modèle, que Mme Greenberg a souhaité adaptable «aux besoins des générations futures», se construit selon les normes environnementales les plus strictes avec, comme objectif, la cote «or» du système de classification LEED (Leadership in Energy and Enviremental Design). La terrasse PHI donne sur un toit vert où pousse un revêtement de type nordique résistant à la sécheresse et attenant à laquelle une salle de machinerie abrite les systèmes de récupération de l'eau de pluie et de contrôle thermique de pointe. La classification LEED tient aussi compte de la lumière naturelle, principe de vie avant d'être norme architecturale que PHI exploite à merveille avec les grandes fenêtres en ogive de son édifice centenaire dont l'extérieur ne laisse rien voir de toutes ces modernités.

PHI ouvrira officiellement ses portes le 1er juin avec Amentia, une installation artistique interactive de Jean-François Mayrand, installation basée sur «la notion d'enveloppement sensoriel, par la voie d'un dialogue gestuel avec un homme fou». En s'ouvrant d'emblée sur la folie, PHI confirme la mission d'ouverture et de déstabilisation d'un lieu que sa conceptrice voit à la fois comme «historique, responsable et contemporain».

«Un lieu, dit Phoebe Greenberg, pour aujourd'hui et demain».