Nouveau lieu de création et de diffusion, Espace Cercle Carré marque sa venue dans le monde artistique montréalais avec l'exposition Règne artificiel, une installation de Rosalie Dumont-Gagné qui nous plonge dans l'atmosphère freudienne d'«inquiétante étrangeté».

> Sur le web: le site d'Espace Cercle Carré

Règne artificiel correspond à deux créations insolites autonomes - mais qui partent de la même idée -, réalisées successivement par l'artiste multidisciplinaire.

Pour visiter la double installation, il faut pénétrer prudemment dans une première pièce par une entrée abaissée. Comme dans une caverne. On s'insère dans un lieu féerique: là, suspendues jusqu'à la hauteur de nos têtes courbées, comme une canopée végétale, 64 créatures de plastique respirent avec la régularité d'un coeur.

Rosalie Dumont-Gagné a créé ces formes abstraites volumétriques qui font penser à des méduses, des coraux, des ventricules ou des algues. Ces formes cellulaires sont alternativement gonflées puis dégonflées par un dispositif électronique qui actionne une soufflerie et des éclairages.

On est dans le mimétisme artificiel de fonctions naturelles comme la respiration, dans une représentation à la fois technologique et architecturale du vivant.

La première pièce, plus éclairée, crée une atmosphère aérienne, mais quand on pénètre dans la seconde, l'ambiance est plus aquatique, à cause de la noirceur et de la lumière tamisée qui éclaire de l'intérieur les formes respirantes et leur donne encore plus l'apparence d'anémones de mer. Dans la seconde pièce, les formes sont à mi-hauteur entre le sol et le plafond. On peut circuler entre elles et des capteurs permettent aux visiteurs de les faire bouger lorsqu'ils s'en approchent.

Issue du milieu de la sculpture, ayant travaillé le verre soufflé et frayé avec le roboticien Bill Vorn, Rosalie Dumont-Gagné a travaillé avec l'électronicien Samuel St-Aubin pour ce projet qui combine sens de l'espace et du vide, et opposition entre immobilisme et mouvement.

«Il y a deux degrés dans ce travail, dit Rosalie Dumont-Gagné, professeure en arts plastiques au cégep de Joliette. Un degré de pure contemplation, fascinant, et un côté très ludique. Pour moi, c'est une espèce d'exploration, de jeu, mais aussi une réflexion sur la rencontre du vivant et de l'artificiel.»

C'est la première fois que l'artiste expose les deux sous-espaces ensemble. «Les deux règnes séparés à la naissance sont enfin réunis», dit Rosalie Dumont-Gagné.

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Règne artificiel à Espace Cercle Carré jusqu'au 15 mars