L'année 2011 se veut un hommage bien senti au peintre et photographe montréalais Richard-Max Tremblay, qui a exposé à la galerie Division, cet été, puis à la Maison des arts et de la culture de Brompton et au Musée des beaux-arts de Montréal.

Richard-Max Tremblay en est à sa 40e exposition en 40 ans. Pas pire pour ce passionné du visage humain et de la lumière, né à Bromptonville en 1952, et qui a succombé à l'art après avoir admiré, en 1970, 5 février 1964, une toile de Pierre Soulages exposée au Musée d'art contemporain.

«C'est le premier tableau qui m'a jeté à terre», confesse-t-il.

D'abord émule de l'abstraction, Richard Max-Tremblay a connu la révélation de la lentille à Londres, à la fin des années 70, alors qu'il étudiait au Goldsmiths College of Art and Design. La photographie le séduit. De retour à Montréal, il commence une longue série de portraits d'artistes.

Le Musée des beaux-arts de Montréal présente Tête-à-tête: Portraits d'artistes, une cinquantaine de ses photos d'artistes québécois réalisées à partir de 1983.

Photo marquante de l'exposition, le portrait de l'ex-galeriste John A. Schweitzer est fascinant. L'artiste tout de noir vêtu se moule à la chaise Panton sur laquelle il est assis. «Au fond, la chaise est déjà un portrait de lui», dit Richard-Max Tremblay.

Les fondus du sculpteur Michel Goulet et du graveur Louis-Pierre Bougie sont très réussis, évoquant les deux artistes avec doigté. La photo du duo Doyon-Rivest, dont les têtes sont collées comme pour des siamois, est drôle, tout comme celle du trio BGL prise dans son atelier de Québec. Les trois artistes ont mis un même masque devant leur tête pour prendre la pose et se transformer en objets d'art.

On découvre un Massimo Guerrera mystique dans son atelier et le photographe Pascal Grandmaison devient comme un élément de son propre décor.

La simplicité et la timidité du sculpteur David Altmejd se dégagent avec éloquence dans le travail de Richard-Max Tremblay, tout comme la grande humanité de l'artiste Adad Hannah dans un portrait très beau où il tient son nouveau-né dans ses bras.

Parmi les autres artistes croqués par Tremblay, citons Manon de Pauw, John Heward, Guido Molinari, Fernand Leduc, Jérôme Fortin, Francine Simonin ou encore le photographe Gabor Szilasi. Richard-Max Tremblay dit travailler encore un peu avec le film photo.

Un beau livre

Outre l'exposition au Musée des beaux-arts, Richard Max-Tremblay fait l'objet d'une monographie, avec la sortie d'un beau livre, Portrait, publié par les Éditions du passage et écrit par André Lamarre.

Le livre reprend quelques photos exposées au musée et trace les aventures professionnelles de l'artiste. Mises à part ses abstractions, Tremblay a fait de nombreuses recherches sur les liens entre art visuel et littérature et entre photographie et peinture. «Au début, les portraits étaient une chose et la peinture, une autre, dit-il. C'était difficile à connecter. J'ai commencé à faire des tableaux à partir de photos en 1986 et c'est depuis devenu une pratique.»

Tête-à-tête: Portraits d'artistes. Photographies de Richard-Max Tremblay, au MBAM, jusqu'au 6 février. www.richardmaxtremblay.com