Alexandre Taillefer et Debbie Zakaib

Avec sa conjointe Debbie Zakaib, Alexandre Taillefer, président du CA de l'Opéra de Montréal, a constitué une des plus belles collections privées d'art contemporain, en Amérique du Nord.

La Presse a visité sa maison lors d'une soirée organisée par le programme SéminArts du Musée d'art contemporain de Montréal (MAC).

Toutes les pièces de leur résidence-musée sont décorées d'oeuvres d'art contemporain. Des peintures, des sculptures, des installations vidéo: Serge Lemoyne, Dash Snow, Pierre Dorion, Suzanne Edgerley, Rodney Graham, Jean-Robert Drouillard, etc.

Le jour de notre visite, Alexandre Taillefer installait à un clou de boucher sa dernière oeuvre achetée en Europe: deux pattes de boeuf, créées par Tamara Kostianovsky avec des tissus colorés.

Le couple voyage beaucoup et rapporte chaque fois de nouvelles oeuvres. «À part de rares exceptions, nous ne collectionnons que les oeuvres d'artistes vivants», précise M. Taillefer, qui éveille aussi ses enfants, Daphné et Thomas, à l'art.

Comment êtes-vous devenus passionnés par l'art? «On commence petit à petit et ça devient naturel, répond M. Taillefer. Puis, on ne peut plus s'en passer.» «Comme le bon vin et l'opéra, c'est devenu nécessaire à notre vie!» ajoute Debbie Zakaib.

François Rochon

Les bureaux de François Rochon, président-fondateur de Giverny Capital, une boîte de gestion de portefeuilles, sont un petit musée. Ils étaient occupés jusqu'en 2007 par le musée Marc-Aurèle Fortin. Tous les murs accueillent des oeuvres contemporaines: Massimo Guerrera, Nicolas Baier, Sophie Jodoin, Dil Hildebrand, Sylvain Bouthillette, David Spriggs, Marc Séguin...

Amateur d'art et artiste lui-même, François Rochon a fait des études en génie. Mais l'ingénieur a investi en bourse et a finalement laissé tomber l'électricité pour créer son entreprise qui porte le nom du village de Giverny où a vécu Monet.

«J'ai visité Giverny en 1990, car Monet est la première peinture que j'ai aimée, dit-il. En visitant les jardins du peintre, je rêvais de bâtir un Giverny au bord de l'eau, au Québec.»

M. Rochon a commencé à collectionner il y a 10 ans en y consacrant la moitié des profits de sa compagnie. «Il y a eu de bonnes années et de moins bonnes, mais j'ai réussi à maintenir cet engagement. J'ai trois domaines dans ma vie: ma vie professionnelle, ma vie amoureuse et ma passion pour les arts. Les trois sont en équilibre.»

Intéressé au début par l'impressionnisme, il a ensuite découvert l'abstraction, les peintres du Refus global, l'art minimaliste et l'art actuel pluridisciplinaire.

«Il est de plus en plus difficile de savoir ce qui va durer, dit-il. J'essaie d'en voir le plus possible, de tout lire, de tout voir. Massimo Guerrera est un artiste très spirituel qui ressemble à sa peinture. Personne d'autre ne fait ce qu'il fait. Marc Séguin est aussi un personnage très intéressant. Je l'ai découvert très tôt et je me suis fait un devoir d'acheter une de ses oeuvres pour chaque série. Il a même influencé mon intérêt d'investissement, soit de trouver des compagnies exceptionnelles, de me démarquer.»

François Rochon dit qu'il ne vendra jamais ses oeuvres. «Acheter une oeuvre n'est pas un investissement, insiste-t-il. C'est une conversion dans quelque chose de plus que de l'argent, quelque chose qui survit à la civilisation. Ça montre comment on voit la vie à un moment donné.»

Il rêve de bâtir un musée, un «sanctuaire de beauté», afin de transmettre ses oeuvres aux générations futures. S'il ne le fait pas, il lèguera sa collection au Musée des Beaux-Arts de Montréal.

Photo: Marco Campanozzi, La Presse

Les bureaux de François Rochon, président-fondateur de Giverny Capital, sont un petit musée.

Stephen Bronfman

Fils de Charles et petit-fils de Samuel Bronfman, la grande famille Bronfman de Montréal, Stephen Bronfman soutient l'art. Il a créé une fondation avec sa femme Claudine Blondin. La Presse a visité les locaux de son entreprise Claridge, dont les pièces renferment des centaines d'oeuvres canadiennes: des sculptures de Joe Fafard, des peintures de Caroline Dukes, Gilles Boisvert, Alex Cameron ou André Mongeau, des céramiques et des poteries de John Gutteridge, Mimi Cabri ou Victor Cicansky.

C'est le commissaire de Charles Bronfman, Franklin Silverstone, qui s'est occupé de la collection. Stephen Bronfman a poursuivi l'oeuvre de son père. Il a dû toutefois arrêter d'acheter, faute de place. «On ne veut pas acheter pour stocker», dit-il.

À la place, la Fondation de la Famille Claudine et Stephen Bronfman a constitué un fonds de 550 000 $ pour permettre chaque année à deux artistes (un de Concordia et un de l'UQAM) de lancer leur carrière. Cette année, Aude Moreau et Pavitra Wickramasinghe ont été les heureuses élues de cette initiative charitable. La fondation a aussi mis sur pied SéminArts avec le Musée d'art contemporain de Montréal pour offrir une formation en art avec visites de galeries, de collections d'entreprises et de maisons de collectionneurs.

«Le but, c'est de trouver de nouveaux collectionneurs, de les attirer et de les éduquer», explique Claudine Bronfman.

Stephen Bronfman et son épouse Claudine ont constitué un fonds de 550 000 $ pour permettre chaque année à deux artistes (un de Concordia et un de l'UQAM) de lancer leur carrière.