Champagne et Anri Sala ont fait bon ménage, dans la nuit de vendredi à samedi, lors de la 5e soirée annuelle Hors cadre du Musée d'art contemporain (MAC), organisée à la fois pour recueillir des fonds et pour mousser les arts plastiques auprès des jeunes montréalais.

Le Printemps du MAC est chaque année le rassemblement jeunesse le plus branché du milieu muséal montréalais. Mais cette année, on a battu des records puisque quelque 1100 personnes sont venues profiter un peu des oeuvres sculpturales de Young & Giroux et du Berlino-albanais passionné de sons Anri Sala et surtout beaucoup fêter.

«Quand j'ai eu l'idée de fonder cet événement, il fallait permettre aux gens de découvrir le musée et les expositions tout en faisant la fête, explique Mélanie Joly, associée-directrice chez Cohn & Wolfe, âgée de 32 ans. Cette année, on dépasse les mille personnes. Il y a vraiment un mouvement art visuel à Montréal.»

Mélanie Joly dit qu'il y a cinq ans, il n'y avait rien d'autre comme soirée combinant collecte de fonds et émerveillement devant des peintures, des sculptures et des installations.

«Après, ArtsScène est arrivé et plein de monde s'est impliqué en art contemporain à Montréal, ajoute-t-elle. Mais c'est une tendance que l'on voit partout dans le monde occidental.» Pascal Deguise et Anne Antonopoulos, coprésidents de l'événement, soulignent que si 200 000$ auront été recueillis durant cette soirée (au lieu de 140 000$ l'an dernier), c'est dû principalement à l'intérêt de plusieurs commanditaires tels que BMO, Moët et Chandon ou le Groupe Antonopoulos.

«Les commanditaires représentent 60% environ du total recueilli, dit Pascal Deguise. Mais il y a aussi une belle collaboration des jeunes et ça m'encourage. La relève veut prendre ses responsabilités.»

Le fait que la foire de l'art contemporain du papier, Papier11, se déroule en même temps sur la Place des festivals ne nuit pas.

«Ça attire aussi du monde à cause de ça, dit Anna Antonopoulos. On avait d'ailleurs établi un package ensemble.»

Paulette Gagnon, la directrice du MAC, rappelle que Hors Cadre est l'un des trois événements caritatifs annuels du musée avec le Bal et le Symposium des collectionneurs.

«Mais Hors Cadre est organisé par les jeunes gens d'affaires, dit-elle. Notre clientèle est à 70% des jeunes de 18 à 35 ans. Le musée a toujours eu une jeune clientèle. Les autres musées montréalais ont les parents de nos philantropes!»

L'artiste québécois Anthony Burnham, qui expose en ce moment à Banff, est le porte-parole de l'événement. Il s'est félicité que Québec ait annoncé que la SODEC allait fournir une aide de 450 000$ au milieu des arts visuels, notamment pour les artistes mais aussi pour les galeries qui les font rayonner à l'étranger.

«L'aide de Québec est une initiative fantastique, dit-il. Papier11 accueille maintenant des galeries de Toronto. Les arts visuels ont toujours été effervescents à Montréal mais on voit que le marché s'améliore. Les collectionneurs canadiens s'aperçoivent qu'il y a une énergie ici.»

Des chanteurs lyriques de l'Opéra de Montréal ont animé le début de la soirée. Leur performance était retransmise en direct sur des écrans de draps placés au milieu du «nombril» du musée, au milieu de la Rotonde. La nuit ne faisait que commencer à pétiller...