Dans le temps de la stricte observance, certains avaient voulu «casser le carême en deux», question de rigoler un peu, à mi-chemin entre le mercredi des Cendres et Pâques. Cette trêve avait donné naissance à la mi-carême, jours de déguisements et de folies qui ne plaisaient pas trop au curé.

«L'Halloween est une fête américaine d'origine irlandaise, mais la tradition de la Mi-Carême existait déjà en Nouvelle-France», explique la journaliste et pédagogue Francine Saint-Laurent, auteur du livre La mi-carême - Une fête québécoise à redécouvrir et commissaire de l'exposition du même nom, présentée au Musée du Château Dufresne jusqu'au 24 avril.

Les Canadiens-français (catholiques) fêtaient encore la mi-carême au début du siècle dernier, mais la tradition ne subsiste aujourd'hui que dans trois villages québécois: à Natashquan, le berceau de Gilles Vigneault, à Fatima aux îles de la Madeleine et à L'Isle-aux-Coudres, en face de Montmagny (voir isle-aux-grues.com). En 1962, par ailleurs, les cinéastes Pierre Perreault et Michel Brault avaient tourné le documentaire Pour la suite du monde à l'Isle-aux-Coudres et les masques portés par les «mi-carêmeux» dans ce film de l'ONF sont exposés au Château Dufresne, comme les costumes créés et portés par les gens de Natashquan et de Fatima. Et certains masques du carnaval de Venise.

Un sermon

Le samedi 12 mars en après-midi (voir chateaudufresne.com), Francine Saint-Laurent donnera une conférence sur son sujet de prédilection, en compagnie de Michel Brault, le porte-parole de l'exposition qui a toujours en sa possession le texte intégral du sermon du curé de la paroisse St-Louis de l'Isle-aux-Coudres, à la veille de la mi-carême de 1962... Une mise en garde sévère qui devait doubler l'intensité du plaisir.

Le Musée du Château Dufresne présente par ailleurs jusqu'au 24 avril la deuxième des trois expositions Hochelaga-Maisonneuve en trois temps - Des années folles à l'après-guerre (1918-1950). Un must pour les habitants d'«HoMa», passés et présents.