Les grandes enchères d'automne d'art impressionniste, moderne et contemporain s'ouvrent mardi à New York, dans un marché assaini et gagné par la mondialisation du goût.

Après la Ferrari, le cheval de course ou la maison sur la Côte d'Azur, «Picasso, Monet et Renoir sont désormais sur la liste d'achats des riches du monde entier», a souligné Connor Jordan, directeur du département d'art impressionniste chez Christie's, en présentant à la presse les lots qui seront proposés durant deux semaines aux collectionneurs du monde entier.

Parmi les nouveaux acquéreurs des valeurs sûres du marché occidental, traditionnellement réservées aux Américains et aux Européens, les Chinois remportent la palme, relèvent les experts. Ils sont suivis par les milliardaires du reste de l'Asie, de Russie, du Proche-Orient ou d'Amérique Latine.

«Les styles de vie se rapprochent, ils achètent des bateaux, boivent des Bordeaux français», explique David Norman, directeur du département d'art impressionniste chez Sotheby's.

Après s'être d'abord intéressés à l'art de leurs pays respectifs, une partie croissante de ces acheteurs récents «se mondialise, ils veulent diversifier leurs collections avec des Renoir, des Rodin ou des Matisse», précise-t-il.

«Pour la première fois nous venons d'apporter à Pékin une vingtaine de tableaux, cinq Picasso représentatifs de ses diverses périodes, quatre Chagall, quelques Monet, quelques Degas, pour les présenter aux collectionneurs mais aussi au public, pour qu'il fasse connaissance», poursuit David Norman.

Christie's n'est pas en reste, et vient aussi de montrer une quinzaine d'oeuvres «classiques» à des collectionneurs à Hong Kong. «Ils aiment Monet, Picasso, Renoir, mais Egon Schiele leur a aussi beaucoup plu», remarque Connor Jordan chez Christie's.

Parmi les oeuvres proposées durant les deux prochaines semaines, le produit de la vente d'un des chefs d'oeuvre de Claude Monet, Le bassin aux nymphéas, ira à la Fondation nationale pour l'essor de l'art (NFAA).

Estimé entre 20 et 30 millions de dollars, le tableau est l'une des pièces maîtresses des enchères impressionnistes, aux côtés notamment d'un somptueux Nu assis sur un divan (La Belle Romaine) d'Amedeo Modigliani, estimé «plus de 40 millions de dollars».

Un autre lot, «Jeanne Hébuterne (au chapeau)» d'Amedeo Modigliani (9-12 millions), est également offert par son vendeur à la NFAA pour son programme «YoungArts», lancé en 1981 et qui offre annuellement des bourses à des jeunes talents de 17 et 18 ans.

Au rayon «art contemporain», les ventes de la deuxième semaine proposent notamment une belle palette de «pop art» américain. Une Grande bouteille de Coca-Cola d'Andy Warhol est estimée entre 20 et 25 millions chez Sotheby's, et son concurrent réplique avec une Grande boîte de conserves Campbell's soup et son ouvre-boîte (30-50 millions).

«En une année le décor a changé», souligne Robert Manley, directeur du département d'art contemporain chez Christie's. «Notre volume estimé a pratiquement quadruplé, passant de 60-70 millions à plus de 240 millions».

Une araignée de bronze de dimension moyenne de l'artiste franco-américaine Louise Bourgeois, morte cette année à New York à l'âge de 98 ans, sera par ailleurs proposée chez Sotheby's le 9 novembre (600-800.000 dollars).