L'artiste britannique d'origine indienne Anish Kapoor, qui a fait sensation à la Fiac (Foire internationale d'art contemporain) avec une grande sculpture organique, se prépare à relever le défi d'occuper la nef du Grand Palais à Paris en mai pour la prochaine Monumenta.

De passage à Paris pour préparer la 4e édition de cette manifestation d'art contemporain, le sculpteur de renommée internationale a levé pour l'AFP un petit coin de voile sur son projet monumental.

«Ce sera une seule oeuvre, une seule couleur, une seule forme», déclare Anish Kapoor, 56 ans, qui a reçu le prestigieux prix Turner d'art contemporain en 1991.

L'artiste botte en touche, en riant, dès qu'on lui pose une question un peu trop précise sur son projet car «c'est important que les gens puissent découvrir l'oeuvre avec une certaine innocence».

«Le Grand Palais est un espace incroyable, merveilleux, qui paraît encore plus grand quand on est dedans», souligne le sculpteur. «Son échelle représente une véritable défi», relève Anish Kapoor, qui a vu toutes les précédentes éditions de Monumenta depuis 2007 (Anselm Kiefer, Richard Serra, Christian Boltanski).

L'idée générale de l'oeuvre? «Je veux que les visiteurs éprouvent une sorte de choc, esthétique mais aussi physique, que lorsqu'ils entrent dans la Nef, ils s'exclament «Wahoo! Est-ce possible?»».

«Cela doit susciter l'interrogation du visiteur: comme je suis petit, combien c'est grand», ajoute le sculpteur.

«Je suis très intéressé par les problèmes d'architecture, de profondeur. Cette oeuvre va transformer l'espace en deux expériences successives, en mélangeant une sorte d'intérieur et une sorte d'extérieur», dans la nef, dit-il.

Le visiteur sera actif, par le mouvement de son corps qui traversera l'oeuvre, et incité à entrer en contemplation voire en méditation.

L'exposition se tiendra du 13 mai au 20 juin, à une époque où la nef est souvent inondée de soleil. «C'est une lumière difficile, très vive» qu'il faut parvenir à «combiner avec l'échelle de l'espace». «Ce n'est pas une tâche facile», relève cet homme de défis qui doit réaliser une sculpture en forme de tour de 115 mètres de haut pour les jeux Olympiques de Londres en 2012.

Pour Monumenta, la sculpture sera «totalement monochrome», indique Kapoor qui veut inonder le visiteur avec la couleur. Alors rouge comme beaucoup de ses oeuvres? Il n'en dira rien cette fois-ci mais cela semble probable.

Anish Kapoor qui a quitté l'Inde à l'âge de 18 ans pour faire des études artistiques en Angleterre, se rend souvent à Paris. «J'aime beaucoup cette ville où j'ai fait ma première exposition en 1980», dit-il.

«Curieusement, depuis, la France ne l'a plus exposé alors qu'il devenait de plus en plus célèbre dans le monde entier», souligne Jean de Loisy, commissaire de plusieurs expositions d'Anish Kapoor.

Le Centre Pompidou a acheté pour la première fois une de ses oeuvres l'année dernière.

À la Fiac, qui s'est tenue de jeudi à dimanche au Grand Palais, une grande sculpture de Kapoor baptisée Slug retenait l'attention des visiteurs. Une oeuvre saisissante faite de circonvolutions rejoignant un orifice rouge carmin.

Avec ses quatre mètres de haut, ses six mètres de long, ses quatre mètres de profondeur, cette oeuvre, réalisée en 2009, semblait vouloir déborder du stand du galeriste Kamel Mennour.

«C'est une sorte de prélude à Monumenta», a souligné le nouveau galeriste parisien du sculpteur, qui a voulu frapper les esprits en exposant cette oeuvre puissante.