Le Musée d'Histoire naturelle de Washington surprend ses visiteurs avec l'exposition d'une barrière de corail grandeur nature, réalisée tout en crochet par des centaines de femmes pour appeler à la préservation des récifs coralliens.

Quelque 800 femmes, mais aussi des hommes, «de trois à 101 ans», ont répondu à l'appel de deux artistes et activistes australiennes, Margaret et Christine Wertheim de l'Institute For Figuring, pour réaliser ce projet commun de corail crocheté.

L'effet est saisissant: sur trois mètres de haut, une barrière de récifs de laines multicolores imite à s'y tromper les circonvolutions du corail, les anémones qui s'y accrochent, les étoiles de mer.

L'exposition, présentée jusqu'au 24 avril 2011, est intitulée «Hyperbolic Crochet Coral Reef» en référence à un type de géométrie hyperbolique jusque-là impossible à reproduire physiquement et que seule la technique du crochet serait capable de modéliser, assurent les organisateurs.

«On aime surprendre nos visiteurs. On ne s'attendrait pas en effet à voir des ouvrages de crochet au Musée d'Histoire naturelle. C'est une bonne façon d'attirer l'attention sur ce problème», explique Barbara Stauffer, responsable des expositions temporaires qui, elle-même, a appris à crocheter pour l'occasion et pour participer à l'étrange et luxuriante sculpture.

«Nous avons perdu 20% des récifs de corail dans le monde au cours des dernières décennies», explique David Stuart, diplomate à l'ambassade d'Australie qui a soutenu le projet. «Si on continue comme ça, nous allons perdre ces récifs, particulièrement les plus chatoyants, dans les eaux tropicales», souligne-t-il lors de l'inauguration. Les coraux sont classés comme des animaux.

A cause de l'activité humaine, du réchauffement et de l'acidification des océans, de la surpêche et de la pollution, ces récifs et les nombreux animaux dont ils constituent l'habitat pourraient disparaître au cours des 40 prochaines années, affirment les experts.

«Ce projet sur le corail est aussi une explosion géante d'énergie féminine, la preuve de ce que les femmes peuvent faire lorsqu'elles travaillent ensemble», affirme Margaret Wertheim, instigatrice du projet.

L'impressionnant récif de laine reproduit trois types de coraux: le corail sain de toutes les couleurs, le corail moribond de couleur blanche qui pâlit quand il dépérit et le corail souillé d'ordures, tricoté avec des bouts de ficelles et des sacs plastiques.

«Cette oeuvre rappelle douloureusement que si la tendance continue, une exposition comme celle-là sera la seule manière de voir et d'apprécier la beauté d'un récif de corail», note Nancy Knowlton, experte en science de la mer pour la Smithsonian Institution.