Quand l'avocat Hugo Simons (1892-1958) s'enfuit de l'Allemagne nazie, en 1933, il emmène sa famille avec lui bien sûr, mais aussi le portrait qu'a fait de lui son client et ami, Otto Dix, en 1925.

Ce portrait le suivra jusqu'à Montréal où l'avocat trouve refuge en 1939. En 1993, pour marquer le centenaire de la naissance d'Otto Dix, des musées de Stuttgart, Londres et Berlin organisent une grande rétrospective. Le Portrait de l'avocat Hugo Simons y fait sa première sortie publique. On le croyait perdu comme tant d'oeuvres de Dix.

Il suscite alors l'envie de collectionneurs qui font des offres intéressantes à la famille Simons. Cette dernière propose plutôt au Musée des beaux-arts de Montréal d'acheter le portrait pour la moitié environ de l'offre la meilleure faite en Europe: 900 000$ au lieu de 1,5 million.

Le musée de Montréal n'a pas les moyens de payer autant, mais il ne lâche pas prise et, Pierre Théberge en tête, se lance dans une offensive auprès des médias, des institutions, en particulier du gouvernement fédéral, qui pourrait accorder une subvention si l'oeuvre en question fait partie du patrimoine canadien.

La bataille est longue. Une collecte de fonds auprès du secteur privé recueille 600 000$. Finalement, au bout d'un an, le gouvernement fédéral fournit le reste. Le Portrait de l'avocat Hugo Simons, symbole de l'amitié entre un Juif et un Allemand, symbole de la présence des Juifs à Montréal, symbole de destins croisés soumis aux aléas de la guerre, restera pour toujours au Musée des beaux-arts.