Après le vidéoclip interactif de Malajube (100 mots pour la folie) et le docu-web sur le son et les bruits (Écologie sonore), le portfolio interactif de l'Office national du film s'enrichit aujourd'hui du projet Sacrée montagne, regard multimédia poétique et coloré sur le mont Royal de l'écrivaine et journaliste Hélène de Billy et du photographe et réalisateur Gilbert Duclos, créé par les programmeurs du studio de création Departement.

«Ça fait 30 ans que je vais à la montagne - à pied, à vélo, en ski, en auto, explique Duclos. Et chaque fois que j'y vais, c'est l'émerveillement, la campagne en ville, etc. Hélène aussi est une amoureuse de la montagne. J'errais avec l'idée d'un documentaire sur le mont Royal lorsqu'elle est arrivée dans le portrait. Nos cerveaux se sont rencontrés.»

Docu bicéphale sur le sommet montréalais, l'idée était lancée. Mais comment l'aborder? Le sujet est si vaste. L'angle a fini par s'imposer: «Moi, je suis plus «sacrée montagne», ajoute Gilbert Duclos. Hélène, c'est «montagne sacrée». La croix, le frère André qui nous fait le cadeau de devenir un saint, le cimetière, c'est Hélène qui a eu l'idée du sacré, le sacré en opposition aussi au profane.»

Hélène de Billy: «Le sacré de ces lieux nous paraît évident, mais au fil des rencontres, des gens qui pique-niquent, disons, on réalise que pour eux, la famille, c'est sacré. On voulait aussi signifier qu'au mont Royal, il se passe des choses qui nous échappent un peu, comme des événements qui passent pour des rituels, les tam-tams du dimanche, par exemple.»

Le projet avait un angle, un thème, mais pas de chute, pas de conclusion - tel qu'étalé sur la Toile, Sacrée montagne n'est d'ailleurs pas une oeuvre achevée puisque des capsules vidéo seront ajoutées au fil des semaines et que les concepteurs comptent sur l'apport des internautes pour enrichir l'expérience, notamment par l'entremise de la boîte vocale du 1-877-55-Souvenirs, qui recueillera les témoignages des amoureux du mont Royal.

Or, qui allait donc vouloir produire une telle oeuvre définie par un sentiment, une intuition? L'ONF et ses jeunes cracks du web, pardi!

«On ne le savait pas encore, mais le web, c'était la meilleure manière de présenter le projet», convient Hélène de Billy qui, comme son collègue, pensait d'abord à un film documentaire classique..

La première page du site web sacreemontagne.onf.ca illustre la montagne arrachée de sa ville, qui flotte dans le ciel et que l'on contourne avec sa souris pour y découvrir les six lieux à explorer et sur lesquels on greffe les clips et les photos: la croix, le cimetière, l'oratoire Saint-Joseph, les sentiers, le monument George-Étienne-Cartier et le lac des Castors.

Le duo s'est longuement baladé sur le mont Royal, allant à la rencontre de ceux qui fréquentent les lieux. La tribu des danseurs du dimanche, les randonneurs, un peintre animalier, un historien, un athlète...

«Ça dépasse le simple reportage, souligne Duclos. En tant que photographe, j'ai toujours eu une approche humaniste. C'est ainsi qu'on a travaillé, en flânant sur la montagne, en rencontrant des gens qui ont des liens importants avec leur montagne.»