Dans une autre vie, il fut footballeur professionnel, habitué à jouer en altitude sur le plateau tibétain. Aujourd'hui, Mo Yi, 52 ans, est connu pour être l'une des figures de la photographie artistique chinoise en plein bouillonnement, qui se distingue par une forte critique politique.

Difficile d'imaginer que cet artiste au physique frèle et ce fumeur, a joué dans l'équipe de football du Tibet, où il est né en 1958.

«Je ne suis pas de l'ethnie tibétaine, mais dans les années 50, mon père a suivi l'appel du Parti communiste, donc je suis né là-bas», explique celui qui ressemble à un vieux sage avec son crâne chauve et sa barbe poivre et sel.

Pendant huit ans, il a défendu, comme professionnel, les couleurs de l'équipe régionale, basée à Lhassa. «A l'époque, chaque province avait son équipe», explique-t-il.

Son passage à la photographie s'est fait naturellement.

«J'aimais prendre des photos», raconte-t-il, de sa voix grave, dans l'atelier qu'il occupe à Pékin depuis peu, une ancienne serre située tout près de Caochangdi, un village d'artistes dans l'est de Pékin, sous la menace des bulldozers.

C'est dans les galeries de ce village que de nombreux artistes photographes chinois, parmi lesquels Mo Yi, ont été présentés durant trois mois, d'avril à juin, dans le cadre d'Arles in Beijing, une déclinaison en Chine du célèbre festival de photographie qui se tient à Arles, dans le sud de la France, tous les ans.

Si l'une de ses premières oeuvres avait un lien avec le Tibet, les autres sont plus en rapport avec les villes où il a vécu ensuite, en particulier Tianjin, un port au sud-est de Pékin.

Mo Yi travaille en noir et blanc, jouant avec le flou, pour illustrer les changement

Son passage à la photographie s'est fait naturellement.

«J'aimais prendre des photos», raconte-t-il, de sa voix grave, dans l'atelier qu'il occupe à Pékin depuis peu, une ancienne serre située tout près de Caochangdi, un village d'artistes dans l'est de Pékin, sous la menace des bulldozers.

C'est dans les galeries de ce village que de nombreux artistes photographes chinois, parmi lesquels Mo Yi, ont été présentés durant trois mois, d'avril à juin, dans le cadre d'«Arles in Beijing», une déclinaison en Chine du célèbre festival de photographie qui se tient à Arles, dans le sud de la France, tous les ans.

Si l'une de ses premières oeuvres avait un lien avec le Tibet, les autres sont plus en rapport avec les villes où il a vécu ensuite, en particulier Tianjin, un port au sud-est de Pékin.

Mo Yi travaille en noir et blanc, jouant avec le flou, pour illustrer les changemens vécus en 30 ans de croissance économique et où parfois il se met lui-même en scène. Il imagine aussi des installations, mêlant ses photos et des objets témoins d'un passé révolu, par exemple des lits utilisés dans les «danwei» (unités de travail) de la période collectiviste.

Arles in Beijing a permis de donner un coup d'éclairage sur les deux principaux courants de cette photographie artistique particulièrement vivante, selon Bérénice Angrémy, directrice de la manifestation.

Les uns, comme les Gao Brothers, se sont fait connaître, en particulier à l'étranger, par des grands formats ou le recours au numérique, «travaillant beaucoup sur l'imaginaire et le féérique», dit-elle, d'autres, moins connus en dehors de Chine, proviennent du photojournalisme, comme Mo Yi ou Zeng Han.

«Cette photographie qui vient plus du photojournalisme et qui s'est tournée ensuite vers l'art, comporte aussi des éléments essentiels», affirme-t-elle.

De plus, relève François Hébel, directeur des Rencontres d'Arles, «En Chine, où l'expression est plus compliquée, on a une photographie très politique, plus qu'en Inde par exemple», ajoute-t-il.

«C'est issu des performances post-Tiananmen des années 90», relève-t-il.

Pour Mo Yi, qui a perdu son travail dans un hôpital de Tianjin après 1989 pour avoir participé au mouvement en faveur de la démocratie, cette critique politique que certains peuvent percevoir dans son travail n'est pourtant pas le but qu'il recherche à tout prix.

«Pour moi, il y a une contradiction dans les villes, d'un côté c'est civilisé, avec des voitures, des ordinateurs, de l'autre il y a la pollution, la saleté, je ne sais pas comment l'exprimer, donc j'ai recours au flou», explique-t-il.

«Mais mon but n'est pas la critique ou l'attaque. Cependant, en raison de la politique en Chine, des changements rapides dans la société et de mon caractère, cela peut être considéré comme tel».