Avec l'exposition Les belles-soeurs s'exp(l)osent, présentée jusqu'au 5 septembre à l'Espace Création Loto-Québec, René Richard Cyr, qui en est le commissaire, a recréé l'univers de Michel Tremblay et montre combien la pièce phare de son oeuvre a éclairé le Québec de 1968 et resplendit encore dans le monde entier.

René Richard Cyr a beau avoir touché à tout, à la mise en scène, à la comédie, à l'écriture, à la direction théâtrale, à la réalisation, à l'animation, hier il avait des yeux d'enfant en tirant le journaliste par le bras. «Viens voir!» «Et ça, regarde!»

René Richard Cyr a rassemblé des témoins de toutes Les belles-soeurs du monde pour créer Les belles-soeurs s'exp(l)osent. Et ce travail, tout comme la mise en scène qu'il a faite des Belles-soeurs, est avant tout une déclaration d'amour pour le parcours unique de ce «classique du théâtre contemporain».

L'exposition débute avec la première page manuscrite des Belles-soeurs et finit avec la dernière page signée par l'auteur alors âgé de 23 ans. On replonge dans les années 60, avec des pages de magazines, des photos, des publicités d'époque et la radio qui retransmettait la récitation du chapelet sur CKAC à 19h. René Richard Cyr a aussi retrouvé des rouleaux des fameux timbres Golden Star avec le catalogue sur lequel on collait les timbres.

«Pour moi, c'était important de dire que ces 15 femmes faisaient partie d'un mouvement généralisé, dit René Richard Cyr. Les belles-soeurs, c'était une bombe sociale, économique, politique. Des ouvrières qui parlaient sur scène, même en France, on n'a pas fait ça. Et 1968, c'est plein de changements, la loi sur le divorce, notamment, c'est Réjean Ducharme, dans l'Occident aussi, c'est le printemps de Prague, ça ne se résume pas au seul aspect théâtral.»

On découvre la lettre envoyée par des artistes québécois à un ministre fédéral, car Ottawa refusait de donner une subvention au Théâtre du Rideau Vert pour jouer Les belles-soeurs. «Mme Kirkland-Casgrain était contre Les belles-soeurs, dit René Richard Cyr. Elle disait qu'elles ne représentaient pas bien les Canadiennes françaises.»

La pièce a été jouée quelque 225 fois dans le monde, dans 15 langues et 25 pays. Il y a quelques affiches étrangères, de Thaïlande, de France, de Roumanie, d'Australie. Et des livres de la pièce en arabe, en polonais. L'intérieur du 4690, rue Fabre, où vivait Michel Tremblay, a été reconstitué, avec la télé d'époque, la vieille laveuse, les éléments en formica, etc. Pour le vernissage, hier, une dinde cuisait. On était en 1968!

«C'est magnifique d'avoir réussi à retrouver tout ça, 42 ans après, a réagi Michel Tremblay, en faisant le tour de l'exposition. C'est très impressionnant et ce qui est incroyable, c'est qu'un jeune de 23 ans ait écrit ça dans une totale inconscience de ce que ça allait devenir. C'est très émouvant.»

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Les belles-soeurs s'exp(l)osent, jusqu'au 5 septembre à l'Espace Création Loto-Québec.