1962En août, Miles Davis se produit à la Comédie-Canadienne (aujourd'hui le TNM) dans le cadre de la deuxième semaine du jazz du Festival de Montréal. Après un premier concert le vendredi (24 août), il remplace au pied levé le saxophoniste Sonny Rollins, le samedi après-midi.

«Quel étonnant chercheur de sonorités», écrira Claude Gingras du «petit trompettiste noir». Le critique de La Presse a apprécié «les contrepoints vertigineux» du sextuor, mais trouve que «le saxophoniste (Hank) Mobley manque sérieusement d'imagination».

Cette semaine, M. Gingras nous racontait comment, quelques années auparavant au Rockhead's Paradise, il avait tenté d'interviewer Miles Davis entre deux sets. «Il m'a regardé, furieux, et m'a dit : «Ah! Come on, man! Leave me alone!»»

Miles Davis est revenu à Montréal en octobre 1963 pour donner avec son quintette - Herbie Hancock au piano, Ron Carter à la contrebasse, Tony Williams à la batterie et George Coleman au sax - le premier concert de jazz de la Place des Arts, inaugurée un mois plus tôt. 1964

En janvier, Miles Davis «en personne» joue à l'étage du cabaret Casa Loma (rue Sainte-Catherine) dans une toute nouvelle boîte appelée Le Jazz Hot. Le quintette invité jouait en alternance avec le trio maison du pianiste Pierre Leduc. «Nous avions à notre répertoire une pièce de Miles Davis qui s'appelait Nardis, se rappelle Pierre Leduc. Un soir, pendant qu'on jouait Nardis, Miles est arrivé derrière moi et il a dit: «C'est une de mes pièces, ça! Laisse-moi te montrer un accord» . Et Miles Davis a joué l'accord avec sa main droite tandis que Leduc tenait le rythme de la gauche. Jazz hot...

Michel Donato était le contrebassiste du house trio et «Cisco» Normand, le batteur. «Miles était toujours au bar pendant nos sets, raconte Donato. Le dernier soir, pendant qu'on rembalait, Miles est monté sur la scène, il m'a serré la main et il est parti sans dire un mot.

«Le lendemain, je recevais un appel pour m'offrir d'aller en tournée avec lui au Japon. Finalement, ça n'a pas marché, mais j'étais content d'avoir été considéré pour accompagner Miles Davis.»

 

1973

Janvier à la PdA. Les fans du Miles Davis d'Ascenseur pour l'échafaud sont tombés de leurs sièges, écrit René Homier-Roy dans La Presse en évoquant ces «duels terribles» auxquels le trompettiste se livre avec le saxo Wayne Shorter. Par contre, si «la confusion régnait trop souvent» sur la scène électrifiée de Wilfrid-Pelletier, la grâce, les folies, les acrobaties et les tendresses de Miles finissent par l'emporter sur le reste.

 

1988

Les quatre visites (en sept ans) de Miles Davis au Festival de jazz comptent pour autant de soirs de légende. Grand retour du trompettiste en clôture du festival de 1982 au Saint-Denis, «après une mystérieuse absence de sept ans»; en 1983, même place, il enregistre deux pièces (What it is, That's What Happened) qui apparaîtront sur l'album Decoy; en 1985, toujours au Saint-Denis (à minuit!), il enregistre un CD/vidéo.

Le dernier passage de Miles Davis au FIJM s'est inscrit dans l'histoire à plus d'un titre. D'abord l'affiche est de lui - un autoportrait au pastel qui sera sérigraphié à 150 exemplaires signés par «le Picasso du jazz». Quant à la foule de la PdA, elle a vu du grand Miles. Entouré de «jeunes sorciers du funk jazz», «le cat de cats» vire la salle Wilfrid-Pelletier à l'envers. Notre collègue Alain Brunet parle d'un Miles «généreux et déconcertant» presque chaleureux avec la foule.

 

1990

Pour ce qui sera sa dernière visite à Montréal, Miles Davis joue à guichet fermé au Spectrum les vendredi 16, samedi 17 et dimanche 19 février. Dos à la foule, minimal au max. Mais «tout le monde» est là pour ces performances «magnétiques», de Pierre Elliott Trudeau à Pauline Julien et Gérald Godin (à des tables séparées...)

Davis s'envole ensuite pour Los Angeles où, le mercredi 22, il recevra un Lifetime Award et deux Grammies: meilleure performance d'un soliste sur un disque de jazz et meilleure performance instrumentale dans un grand ensemble, les deux pour le CD Aura.

Le FIJM lui rend un hommage posthume en 1994 en donnant son nom à un trophée remis à un musicien de renommée internationale pour la qualité de son oeuvre et son impact sur l'évolution de la musique appelée jazz.