Le Musée des beaux-arts de Montréal y songe sérieusement. D'autres musées québécois s'enthousiasment aussi à cette idée: permettre de prendre des photos des expositions.

L'an dernier, une cinquantaine d'institutions américaines, britanniques et néerlandaises ont brisé cette sacro-sainte règle du monde muséal: ils ont carrément invité des visiteurs à prendre des photos de leurs oeuvres.

«Nous avons été contactés par Wikipédia, qui voulait avoir plus d'images pour ses articles encyclopédiques», explique Laurine van de Wiel, qui a géré le projet pour le musée Van Gogh à Amsterdam.

Hier, le MBAM tenait une réunion pour étudier la possibilité de lancer une version montréalaise du projet, mais ne pouvait faire de commentaires parce qu'il ne s'agit que d'un projet à l'étude. La réaction d'autres institutions d'ici va dans le même sens. Le Musée national des beaux-arts du Québec, le Musée d'art contemporain de Montréal, l'Association des musées canadiens et la Société des directeurs des musées montréalais ont trouvé l'idée intéressante.

Droits d'auteur

«Il faut évidemment que ce soit fait avec des oeuvres dont le copyright est expiré», dit Manon Blanchette, DG de la Société des directeurs des musées montréalais. Dans plusieurs musées américains et britanniques, seules les galeries dont toutes les pièces dataient d'avant 1923 étaient d'ailleurs accessibles.

«Les photos, dit Laurine van de Wiel, sont versées dans la banque de Creative Commons, une plateforme qui vise à favoriser le partage de contenu entre des projets à but non lucratif. Il n'y a aucun droit pour utiliser ces photos si on ne les utilise pas dans un but lucratif. Au départ, nous étions hésitants, parce que ce n'est vraiment pas dans les habitudes des musées de permettre qu'on photographie leurs oeuvres. Mais d'autres collègues et moi avons réalisé que c'était une excellente manière d'encourager notre public à interagir avec notre collection, dans l'esprit du web 2.0.

Des projets similaires ont eu lieu en Angleterre et aux États-Unis, où le Metropolitan Museum et le MOMA y ont participé. Au musée Van Gogh, une quarantaine de photographes ont pris 700 photos à l'occasion de deux journées spéciales du musée l'hiver dernier. «Nous voulions qu'ils soient libres de travailler sans avoir des visiteurs ordinaires dans les pattes, dit Mme van de Wiel. Nous leur avons permis de photographier toutes les oeuvres dont nous sommes propriétaires, plus de 70. Nous aurions pu accueillir plus de photographes, mais il n'y a pas eu plus de réponses à notre proposition.»

Les ventes de reproductions ont-elles diminué? «Oui, répond-elle, mais je ne suis pas sûr qu'il y ait un lien de cause à effet. Les ventes d'autres produits dérivés dans notre magasin ont augmenté. Je lisais ce matin à propos de la décision des Monty Python de mettre tous leurs clips sur YouTube. Ça a fait décupler leurs ventes de produits dérivés.»

Les images ont même été utiles au musée. «Nous avons peu de photographies de nos salles avec des gens, note Mme van de Wiel, alors nous avons pu nous servir des images pour nos documents externes et internes, dit Mme van de Wiel. Par contre, nous avons été déçus de constater que certains photographes sont revenus sur leur engagement et ont mis un copyright sur leurs images plutôt que de les verser dans Creative Commons.»