Ils n'ont pas généré de nombreuses files d'attente cette année. Mais les arts visuels à Montréal, grâce au dynamisme des galeries notamment, démontrent une vitalité qui déborde nos frontières. De son côté, le Musée des beaux-arts continue d'assumer un leadership de tous les instants en sortant bien souvent des sentiers battus de la muséologie.

LE BILAN DE MARIO CLOUTIER

Ampleur surprise

Claude Tousignant au Musée d'art contemporain. La qualité de cette rétrospective n'avait rien de surprenant, mais son ampleur a démontré hors de tout doute la pertinence d'un art total, sans concession. Un art des sensations, vibrant, n'ayant de cesse de se renouveler. Le MAC a également tenu une superbe rétrospective en hommage à Betty Goodwin, disparue à la fin de 2008.

Happening surprise

Imagine. La ballade pour la paix de John et Yoko au Musée des beaux-arts. Plus qu'une exposition: un happening, une prise de position, une oeuvre collective de l'institution et de la société montréalaise, autant des commanditaires que du public nombreux et créatif.

Profondeur surprise

Ed Pien chez Pierre-François Ouellette. Au-delà de ses découpages fabuleux, la capacité de l'artiste de prolonger dans le temps et l'espace un art de la précision et du détail fascine. Ed Pien intrigue beaucoup, inquiète parfois et immerge le spectateur dans un complexe jeu à double et triple niveau.

Perspective surprise

Michal Rovner chez DHC/ART. Missile à tête chercheuse en art contemporain, la galerie de Phoebe Greenberg continue d'étonner. Coup de coeur pour l'artiste israélienne Michal Rovner et ses tout petits bonshommes filmés de très haut, d'un point de vue quasi... divin. Un regard touchant sur la condition humaine.

Mauvaise surprise

La nomination de la directrice du Musée d'art contemporain, Paulette Gagnon, a donné lieu à une «exposition» fort inélégante de la part d'un groupe contestataire gravitant autour de l'UQAM. Couleurs académiques, perspective restreinte et «déconstructionnisme» bâclé. En avait-on besoin ?

LE BILAN DE JOCELYNE LEPAGE

Surprise inspirante

Grandeur nature, au Musée des beaux-arts de Montréal. La nature en peinture dans toute sa transcendance. Des artistes de la fin du XIXe siècle tellement inspirés qu'on a envie de croire en Dieu et de prier pour qu'il sorte quelque chose de concret de Copenhague. Une des expositions les plus étonnantes des 10 dernières années.

Surprise de taille

Cal Lane à la galerie Art mûr. Cette artiste canadienne joue du chalumeau comme nos grand-mères jouaient du crochet. Elle fait de la dentelle avec des bidons de pétrole et autres débris polluants. Sa prochaine victime: un sous-marin abandonné au Monténégro, dans les Balkans.

Surprise boisée

Dans les Jardins du précambrien, domaine de l'artiste René Derouin à Val-David, on se promène chaque été, depuis 1995, dans les bois où surgissent, çà et là, des installations. Aussi bien un bureau portatif sur roues qu'une fontaine baroque ou un lit suspendu. Une entreprise privée remarquable de développement durable.

Surprise malodorante

L'art contemporain n'a pas de limites. Cloaca, présentée à l'UQAM, est une machine qui digère les aliments qu'on lui donne. Le trajet alimentaire se termine par des excréments. Ça pue! Il s'agit, selon son auteur, WimDelvoye, d'une métaphore de la société de surconsommation.

Surprise, surprise!

Les trois gars de BGL, un groupe d'artistes de Québec, ont envahi la belle galerie Parisian Laundry tout l'automne avec leur bric-à-brac aussi jovial que contestataire. On souhaite longue vie au trio qui s'amuse à faire de l'art, et une plus grande présence à Montréal.