Ouvert en juin 2000, l'Experience Music Project/Science Fiction Museum and Hall of Fame de Seattle a attiré à ce jour près de 5 millions de visiteurs. La Presse a eu droit à une visite guidée du musée, qui prêtera des objets de sa collection au Musée de la civilisation de Québec, pour une exposition prévue au printemps. Conclusion: le EMP/SFM est le paradis des amateurs de rock et de science-fiction.

Dans le hall d'entrée, un écran projette les clips des groupes The Shins, Pearl Jam, Jimi Hendrix et Soundgarden. Au plafond est suspendu le Spinner Car conduit par Harison Ford dans le film Blade Runner. Et au mur est encadré le contrat orignal qu'a signé Hendrix avec les organisateurs du festival Woodstock: 18 000 $ pour un set de 50 minutes.

Nous sommes à Seattle, dans l'Experience Music Project/Science Fiction Museum and Hall of Fame (EMP/SFM). C'est le paradis des amateurs de rock et de science-fiction, deux passions qui habitent aussi Paul Allen, cofondateur de la multinationale Microsoft, qui a également ses racines dans la ville mère du grunge et des cafés Starbucks.

Si Paul Allen a donné 250 millions de dollars pour l'ouverture du musée, c'est qu'il est avant tout un fan fini de Jimi Hendrix, justement né à Seattle. «Au départ, cela devait être un musée uniquement sur Hendrix. Mais avec l'implication de Frank Gehry, c'est devenu plus gros», raconte Jasen Emmons, conservateur en chef du EMP/SFM.

Frank Gehry est la star de l'architecture à qui l'on doit le musée Guggenheim de Bilbao, en Espagne, et le Walt Disney Concert Hall. Il est né à Toronto, mais sa famille a déménagé à Los Angeles quand il avait 17 ans.

Pour l'EMP/SFM, il a imaginé une immense sculpture métallique gris et rouge, qui s'inspire de la forme d'une guitare électrique. Elle s'élève au coeur du Seattle Center, à quelques pas de la tour d'observation Space Needle.

Le musée, qui fait 140 000 pi2, a attiré près de 5 millions de visiteurs depuis son ouverture, en juin 2000. Depuis 2004, il abrite aussi le Science Fiction Museum and Hall of Fame (SFM). «Paul Allen était aussi un grand collectionneur et un grand fan de Star Trek», précise Jasen Emmons, avec qui nous avons fait un tour guidé du musée, la semaine dernière.

Sculptures musicales

L'immense sculpture qui lance la visite, intitulée Roots and Branches, entremêle jusqu'au plafond plus de 500 instruments de musique. C'est beau et impressionnant. «C'est une pièce maîtresse du musée», souligne Jasen Emmons.

Il nous conduit ensuite vers l'exposition actuelle consacrée au musicien à qui l'on doit l'existence du musée, Jimi Hendrix: An Evolution of Sound, qui retrace le parcours de Hendrix de Seattle à New York en passant par Londres. «Nous avons 8000 objets qui sont liés à Jimi Hendrix, explique Jasen Emmons. Nous avons sa collection de disques, ses guitares... Nous faisons une rotation de ces objets d'une expo à l'autre.»

On peut admirer le fameux veston en velours turquoise d'inspiration militaire de Jimi, les bouts de guitares qu'il a cassées et qui ont pris en feu. On peut également lire son journal de tournée, ouvert à la page où il est à Ottawa. «Arrivé à Ottawa... superbe hôtel... gens étranges... j'ai parlé à Joni Mitchell au téléphone», écrit-il.

Dans une autre section du EMP, les visiteurs ont accès à 800 entrevues avec différentes personnalités du monde de la musique. Il y a aussi le «musée de l'histoire de la guitare». On apprend entre autres que Leo Fender ne jouait pas de guitare, et qu'on lui a dit que personne ne jouerait avec un instrument aussi laid que sa Telecaster. Des guitares qui ont appartenu à Eric Clapton et Kurt Cobain sont aussi accrochées au mur.

Une autre exposition permanente du musée porte le nom de Northwest Passage. Elle retrace l'évolution de la scène musicale dans le nord-ouest des États-Unis. On passe du succès de la chanson Louie Louie aux groupes punk des années 70, jusqu'à l'âge d'or du grunge et au succès actuel des étiquettes de disque comme Sub Pop et Barsuk.

Mouvement grunge

Le musée prépare par ailleurs, pour mai 2011, une exposition importante sur le mouvement grunge qui est né à Seattle, faut-il le rappeler, il y a plus de 20 ans. «Nous faisons des entrevues en ce moment, et c'est très intéressant de voir ce que les artistes ont à dire avec un certain recul. Il y a 20 ans, ils ne pouvaient pas commenter le phénomène, car ils étaient dedans», explique Jasen Emmons.

À plus court terme, la prochaine exposition majeure s'intitulera Taking Aim et présentera une série de photos choisies par un curateur invité, nul autre que Graham Nash. Le membre de Crosby, Stills and Nash a choisi des images prises par des photographes célèbres - dont Anton Corbijn, Annie Leibovitz et Jim Marshall -, que ce soit un portrait de John et Yoko nus, d'Elvis qui mange un «deux oeufs, bacon» ou de Brian Wilson en robe de chambre dans un dépanneur.

En attendant, l'Experience Music Project présente une exposition sur les pochettes de disques qui font référence à la science-fiction. Et les visiteurs peuvent s'arrêter dans les nombreuses «stations-ateliers» où ils sont invités à jouer les rock stars ou les DJ. «Ici, c'est un musée où les gens peuvent toucher aux choses et expérimenter», dit Jasen Emmons.

Notre visite se termine par le Science Fiction Museum and Hall of Fame. C'est la mecque des trekkies et des amateurs de science-fiction. Il y a la chaise du capitaine Kirk, la tunique de Spock, R2-D2, des zombies de toutes sortes, des romans de Neal Stephenson et une foule d'explications sur les racines de la science-fiction et sa relation avec la culture, la science et la politique.

Disons que l'EMP/SFM est le musée qu'on aurait aimé visiter à l'école primaire. «Nous sommes plus un musée de culture populaire qu'un musée d'art», opine Jasen Emmons.

En attendant votre prochaine visite à Seattle, visitez le www.empsfm.org.

 

Collaboration avec le Musée de la civilisation

L'Experience Music Project/Science Fiction Museum and Hall of Fame (EMP/SFM) prêtera des objets de sa collection au Musée de la civilisation de Québec pour une exposition dont le titre provisoire est Musiques en mouvement et qui sera présentée à partir du 2 juin 2010. Le MCQ mettra en lumière les racines de la musique populaire. «Plus que tout autre phénomène culturel, la musique s'est déplacée de continent en continent, où elle a été adoptée, métissée et transformée au fil du temps», dit la description de l'exposition.