Le Musée des beaux-arts de Montréal vit une petite révolution à la veille de ses 150 ans. D'ici 2011, l'institution redéploiera complètement ses collections grâce au nouveau pavillon d'art canadien, mais le MBAM montre déjà ses nouvelles couleurs, celles d'un véritable leader culturel montréalais.

En 2008-2009, le musée a rejoint 1,5 million de spectateurs dans le monde, 600 000 à Montréal et 900 000 ailleurs, avec six productions itinérantes, un record pour le MBAM, dont Cuba et Warhol Live!. Ici, le MBAM collabore de plus en plus avec d'autres organismes culturels, comme l'OSM, le Festival de jazz et la SAT.

«On se connaît, on se défend et on se renforce. Au musée, nous avons la possibilité d'être un agent important dans le secteur des arts visuels parce que nous sommes gros. On peut être une locomotive culturelle. Il faut en profiter pour changer les choses», explique la directrice Nathalie Bondil.

La programmation 2010-2011 s'inscrit dans cet élan de nouveauté. Comme l'a révélé La Presse hier, l'exposition La planète mode de Jean Paul Gaultier. De la rue aux étoiles sera présentée à l'été 2011.

«Seul Montréal, et San Francisco très intéressé à la présenter, peuvent offrir de telles expositions qui décoiffent», pense Mme Bondil.

Le musée a annoncé hier que sa rentrée d'automne 2010 s'articulera autour d'un chef-d'oeuvre de sa collection, Portrait de l'avocat Hugo Simons du peintre allemand Otto Dix, acquis grâce à une grande mobilisation montréalaise il y a 18 ans. En collaboration avec la Neue Galerie de New York, le MBAM présentera 200 oeuvres et documents historiques lors de cette première nord-américaine.

À l'hiver-printemps 2011, les Montréalais auront droit à une exposition majeure du Royal Museum of Ontario, Chine. Les premiers empereurs, qui comprend 14 des célèbres statues de terre cuite plus grandes que nature.

De verre et de jazz

Le MBAM présentera à partir du 12 février prochain Le verre selon Tiffany: la couleur en fusion. Cette production maison est en ce moment au Musée du Luxembourg à Paris et se rendra l'an prochain à Richmond en Virginie. C'est en restaurant sa nouvelle acquisition, l'église Erskine&American, que le musée a découvert 122 vitraux, dont quatre monumentaux de Louis Comfort Tiffany.

«Il possédait une palette de plus de 5000 couleurs. L'exposition permettra de comprendre son génie de la lumière et de la sculpture du verre», souligne la directrice du musée.

Et au printemps prochain, Miles Davis fera son entrée au musée grâce à une exposition de la Cité de la musique de Paris.

Au coût de 30 millions, la construction du nouveau pavillon destiné à l'art canadien et québécois permet déjà au MBAM de dégager un espace appelé Carré d'art contemporain, où l'on présentera une exposition de Pierre Dorion à compter de mars. Le photographe Martin Beauregard et le designer de mode Denis Gagnon suivront au même endroit.

Autre petite révolution, les travaux actuels n'empêcheront pas le musée de fonctionner presque à plein régime. En outre, les travaux montréalais reviennent à 580 $ le pied carré, alors que la facture avait atteint 1600 $ au Art Gallery of Ontario l'an dernier.