L'artiste québécoise Micheline Beauchemin est décédée mardi à l'âge de 79 ans, a confirmé mercredi le Musée national des beaux-arts du Québec, où une exposition lui est consacrée jusqu'au 11 octobre.

Née à Longueuil le 24 octobre 1929, Micheline Beauchemin a étudié à l'École des beaux-arts de Montréal, à l'École des beaux-arts de Paris, puis à l'Académie de la Grande Chaumière de Paris. Elle y a étudié le vitrail et le dessin, et a remporté un premier prix dans ces disciplines à Paris.

Mme Beauchemin a développé son talent artistique d'abord à travers la peinture et les vitraux. Elle a commencé à s'intéresser aux murailles, aux broderies et aux tapisseries lors d'un voyage en Grèce. C'est là aussi qu'elle a commencé à expérimenter de nouvelles textures et couleurs.

En 1953, elle a tenu sa première exposition. L'artiste s'est distinguée au cours de sa longue carrière en utilisant de nouveaux matériaux et des techniques de pointe pour créer ses oeuvres adaptées à des contextes modernes, publics, sociaux, artistiques et idéologiques, dans les années 1950 et pendant la Révolution tranquille. Elle a transformé la tapisserie traditionnelle en une oeuvre sophistiquée exigeant des liens entre artistes, décorateurs, architectes, ingénieurs et leur environnement social.

L'univers poétique de Micheline Beauchemin, qui a installé son atelier dès 1966 en bordure du Saint-Laurent à Grondines, dans la région de Québec, traduit et synthétise de manière sensuelle le mouvement de l'air, des marées et des glaces, la brillance des eaux du fleuve. Ses oeuvres transcrivent alors l'émotion suscitée par l'observation journalière du mouvement de l'eau et les miroitements de la lumière sur le fleuve à différentes saisons.

En outre, au milieu des années 1980, Micheline Beauchemin et un mouvement citoyen s'opposent à Hydro-Québec qui veut faire passer en travers du fleuve, à la hauteur de Grondines, une ligne à haute tension. Ce combat environnemental, qui l'éloigne de son travail pendant près de quatre ans, l'amène cependant à célébrer sa source d'inspiration. Deux de ses tapisseries, en hommage au fleuve, sont de poétiques témoignages de l'aspect toujours changeant du Saint-Laurent.

Mme Beauchemin a par ailleurs fabriqué le rideau de scène de la salle Southam du Centre national des arts, à Ottawa, le Rideau de lumière qui orne le foyer de la salle Maisonneuve, à la Place des Arts, à Montréal, les sculptures de la bibliothèque Gabrielle-Roy, à Québec, et de la Tohu, cité du cirque, à Montréal.

Micheline Beauchemin a été récompensée du prix Paul-Émile-Borduas, en 2005, et du Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques, en 2006.